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20 mars 2008 4 20 /03 /mars /2008 11:11
20/03/08

©AFP

 

LIBREVILLE - Le pouvoir tchadien a arrêté de "nombreuses personnes" qui sont actuellement détenues sans justification après l'attaque rebelle ratée de début février, dénonce jeudi l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) qui craint des "motifs ethniques".

 

"Les forces de sécurité de l'Etat ont arrêté au moins 15 personnes et les ont retenues sans chef d'inculpation après la tentative de coup d'Etat par les rebelles tchadiens les 2 et 3 février, mais le nombre réel de personnes ainsi détenues est probablement plus élevé", affirme HRW dans un communiqué reçu par l'AFP à Libreville.

 

"Sur les 15 cas de détention arbitraire apparente étudiés par Human Rights Watch depuis la tentative de coup d'Etat, 11 concernent des membres de l'ethnie gorane. Ceci fait craindre des incarcérations par le gouvernement en partie motivées par des raisons ethniques", ajoute l'organisation non gouvernementale.

 

"Le gouvernement tchadien devrait inculper ou libérer les personnes arrêtées après la tentative de coup d'Etat (...). Huit personnes au moins, et peut-être davantage, sont encore détenues malgré la levée de l'état d'urgence le 15 mars", estime HRW qui a "recueilli, de sources crédibles, de nombreux récits d'arrestations arbitraires".

Les Goranes sont majoritaires au sein de l'Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), un des groupes rebelles qui ont été à deux doigts de renverser le président Deby les 2 et 3 février, avant d'être repoussés in extremis de N'Djamena par l'armée tchadienne, grâce notamment au soutien militaire français.

"Le gouvernement tchadien utilise" cette tentative de renversement du président Deby "comme prétexte pour arrêter arbitrairement des gens qui n'ont aucun lien apparent avec l'insurrection", déplore HRW.

 

L'ONG évoque notamment le cas Mahamoud Adoum Aguid, qui appartient au même sous-clan gorane des Anakaza que le chef des rebelles UFDD, Mahamat Nouri. Agé de 59 ans, Aguid, ancien responsable des douanes du Tchad, a été arrêté le 19 février, et ses proches n'ont aucune nouvelle de lui et ignorent s'il est encore en vie.

 

Son arrestation s'est produite dans des conditions similaires à celles de trois figures de l'opposition interpellés le 3 février: l'ancien chef de l'Etat Lol Mahamat Choua, libéré depuis, le député fédéraliste Ngarlejy Yorongar, aujourd'hui en France, et le porte-parole de la principale coalition d'opposition Ibni Oumar Mahamat Saleh dont on est toujours sans nouvelles.

 

HRW estime "les autorités tchadiennes sont entièrement responsables du sort de M. Ibni Saleh".

 

HRW appelle "les partenaires du Tchad, la France, les Etats-Unis, la Chine et l'Union européenne, à faire pression sur le gouvernement tchadien pour qu'il libère ou inculpe toutes les personnes victimes de détention arbitraire".

 

Par ailleurs, l'ONG rappelle que la commission d'enquête internationale créée par le gouvernement tchadien après la visite du président français Nicolas Sarkozy sur les événements "pourrait en théorie se pencher sur les récents abus", mais elle estime que celle-ci "ne répond pas aux normes internationales et souffre d'un déficit d'indépendance et de crédibilité".

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