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5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 13:22
05/03/08

Alistair Thomson - Le Point

 

Le gouvernement tchadien se montre évasif au sujet de la tranchée de trois mètres de profondeur qu'il fait creuser autour de N'Djamena afin de prévenir un assaut comme celui du mois dernier, marqué par l'irruption de camions chargés de rebelles dans la capitale.

"Cela relève d'un secret militaire. Cela fait partie de notre stratégie et je ne peux pas vous le dire", a déclaré le ministre de l'Intérieur Ahmat Mahamat Bachir à Reuters, qui l'interrogeait sur le but précis de la tranchée.

 

Le secret qui entoure ces travaux entamés depuis deux semaines entretient une atmosphère de nervosité dans la ville, où a été prolongé la semaine dernière l'état d'urgence décrété après le "rezzou" rebelle des 2 et 3 février.

 

Selon certains habitants et militants des droits de l'homme, l'état d'urgence a servi de prétexte à des confiscations de biens et à l'arrestation de personnes soupçonnées de s'opposer au gouvernement du président Idriss Déby.

 

"Faites attention, l'armée patrouille par ici et vous risquez d'être arrêté", a lancé un jeune motocycliste à un journaliste de Reuters dans le quartier périphérique de Diguel, que la tranchée coupe en deux.

 

Le fossé entourera pratiquement la capitale en scindant quelques secteurs, en isolant des pistes de terre et en obligeant les véhicules à passer par l'une ou l'autre des portes fortifiées, déclare-t-on de source proche de la sécurité.

 

ÉDIFICES ENDOMMAGÉS, ARBRES ABATTUS

 

L'attaque de février est la plus sérieuse d'une rébellion armée contre le président Déby depuis plusieurs années. L'insurrection a pour terreau principal l'est du pays, proche de la frontière avec la province soudanaise ravagée du Darfour.

 

Après une progression d'une semaine à travers l'intérieur aride du Tchad, une colonne rebelle de 200 à 300 véhicules avait affronté l'armée gouvernementale hors de N'Djamena avant de pénétrer dans la ville, où les combats ont causé la mort d'au moins 400 civils selon Déby.

 

La crainte d'un regroupement et d'une nouvelle offensive des rebelles s'était bientôt dissipée, mais le risque d'une attaque demeurait et le creusement de la tranchée a débuté dans la seconde quinzaine de février.

 

En prolongeant l'état d'urgence, qui confère au chef de l'État des pouvoirs d'exception, le gouvernement a invoqué la nécessité d'achever des travaux urgents de remise en état de plusieurs édifices publics incendiés ou endommagés pendant les combats et les violents pillages qui s'en étaient suivis.

 

Des tirs de grenades et d'obus ont fracassé des arbres alignés sur les avenues du centre de la capitale, dont le plan urbain remonte à l'époque coloniale française.

Même ceux qui ont échappé aux affrontements armés sont abattus à leur tour: les rebelles, expliquent des habitants, s'étaient servis d'arbres tombés pour barrer des rues au cours des combats.

 

"Nous allons perdre l'ombre", commente Hawa, vendeuse de cacahuètes sur les boulevards. "Peut-être que le gouvernement va faire autre chose pour nous, mais je ne crois pas", ajoute-t-elle, protégée du soleil par un foulard.

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