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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 12:35

24 mars 2012

Vincent Fournier

Jeune Afrique 

 

Le Malien Soumaïla Cissé était l'un des favoris en vue de la présidentielle de 2012


La déclaration de Soumaïla Cissé,  leader de l'Union pour la République et la Démocratie (URD).

 

Au moment d’écrire cette déclaration, des centaines de milliers de Bamakois sont terrés chez eux de peur d’être violentés ou vandalisés par des soldats mutins. Des membres du gouvernement et des hommes politiques maliens sont arrêtés. Le même soir, des hommes de tenue, venus, sans succès, m’arrêter, ont détruit tout ce qui pouvait l’être chez moi. Jeudi 22 mars, un groupe de soldats est apparu, à travers les antennes de la télévision nationale, pour annoncer la dissolution des institutions, la suspension de la constitution, décrété un couvre-feu et décidé de la fermeture des frontières.
Le Malien Soumaïla Cissé était l'un des favoris en vue de la présidentielle de 2012.
Je condamne de la façon la plus ferme et la plus énergique ce coup d’Etat qui remet en cause l’ensemble de nos acquis démocratiques et isole totalement le Mali de la marche du monde, à un moment où notre pays a, particulièrement, besoin de l’appui de ses partenaires pour faire face aux défis du développement et au péril sécuritaire du Nord. Je demande  la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées et exige un retour à « l’ordre constitutionnel » dans les meilleurs délais.

Cette tentative de coup d’Etat est l’acte réactionnaire le plus bas de l’histoire politique du Mali au cours des vingt dernières années. La pratique du coup d’Etat, en elle-même, est totalement révolue comme mode d’accession au pouvoir. Et le peuple malien ne s’est pas levé, comme un seul homme, un jour de mars 1991,  pour proclamer sa foi en la démocratie, et accepter, aujourd’hui, que des militaires décident de s’emparer des institutions étatiques et occuper le pouvoir d’Etat.

Il appartient au peuple malien de choisir ses dirigeants. Ce lundi, 26 mars 2012, sera célébré, à travers le pays, le souvenir des martyrs qui se sont sacrifiés, il y a de cela exactement 21 ans, pour qu’enfin, règne la démocratie et le respect des institutions républicaines. Pour honorer leurs mémoires, nous n’avons pas mieux à faire que d’exiger le retour à la démocratie.

Notre responsabilité nationale est d’autant plus engagée, qu’à la suite de l’avènement démocratique du Mali, d’autres peuples d’Afrique et du Maghreb ont exigés d’être dirigés en toute démocratie.  C’est pourquoi, l’Union Africaine, par la déclaration d’Alger de 1999, condamne toute rupture de l’ordre constitutionnel résultant des coups d’État avec des sanctions automatiques contre les auteurs.

Les auteurs du coup du 22 mars prétextent la crise au Nord et le nécessaire rétablissement de la démocratie pour justifier leur tentative de prise du pouvoir par les armes. Cet argument est d’autant plus faible que depuis l’annonce du coup d’Etat, le Nord du pays n’est plus défendu, ni sécurisé. Je m'incline devant la mémoire de nos soldats tombés au front et  réaffirme avec force la nécessité de pourvoir notre vaillante armée de tous les moyens nécessaires à l'accomplissement de sa mission de défense de l'intégrité territoriale du Mali.

Quant à la démocratie, il n’ ya rien de mieux que de respecter le calendrier électoral et laisser les Maliens choisir, en âme et conscience, les dirigeants qu’ils considèrent aptes à gérer leur pays. Notre calendrier républicain prévoit des élections présidentielles le 29 avril et des élections législatives le 1er juillet 2012. Pourquoi donc vouloir se substituer aux choix que les Maliennes et Maliens exerceront, en toute légalité, dans 35 jours ?

Les tensions politiques que connaît actuellement le Mali doivent se résoudre dans le cadre institutionnel mis en place depuis la transition démocratique. Nous ne pouvons accepter aucune solution qui n’incorpore comme une base minimale le rétablissement des institutions républicaines et le respect du calendrier électoral. La condamnation unanime de la communauté internationale du coup d’Etat et les conséquences de suspensions de programmes de coopération, qui en découlent, illustrent, s’il en est besoin, que la solution est uniquement politique. Le Mali ne se relèverait pas d’une suspension de ses programmes de coopération et les progrès engrangés depuis  20 ans seraient perdus à jamais. Nous retournerions à la période où l’Etat pouvait rester  plus d’un an sans pouvoir payer les salaires.

L’heure est, donc, suffisamment grave pour que tous les Maliens et Maliennes se lèvent pour exiger la restauration des institutions légales et la tenue, à date échue, d’élections libres et transparentes pouvant conduire à des alternances démocratiques. A défaut d’élections libres et transparentes qui pourront permettre de voir se succéder aux affaires des hommes et des femmes plus inspirés et animés par l’exigence de résultats, proposant des idées nouvelles et performantes pour sortir résolument les populations de la misère et de l’insécurité , le Mali risque de connaître des coup d’Etat en série. Ce qui est une calamité pour tout pays qui aspire au progrès.

Notre pays, le Mali, riche d’un passé glorieux, a su, à tous les moments, redresser la tête et relever les nombreux défis qui ont jalonné sa longue et prestigieuse histoire. C’est au nom de ce Mali, notre fierté à tous, que je nous invite à nous tenir debout et à exiger la restauration des institutions et le respect des règles républicaines.

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 12:30

22 mars 2012
Bernard Lugan

 

 

Après les frasques de Sarkozy en Libye, le sud du Sahel est complètement déstabilisé. Mais de cela on ne parle pas. Le Président candidat et BHL se gardant bien de souligner leurs erreurs en Afrique.

 

Au Mali, où un coup d'Etat militaire a renversé l'actuel président, le général Amadou Toumani Touré, les élections présidentielles fixées au 29 avril 2012 n'auront pas lieu. Ce putsch est la conséquence de la déroute infligée à l'armée malienne par les insurgés Touaregs revendiquant la partition du pays.

 

Surprise, culbutée et en plein désarroi, l'armée malienne agite l'épouvantail Aqmi pour tenter de faire s'engager les Occidentaux à ses côtés, affirmant que les Touaregs sont les alliés des fondamentalistes musulmans.

 

La menace que fait peser Aqmi sur la sous région est évidemment réelle. Doit-on pour autant avoir une réaction pavlovienne dès qu'elle est évoquée ?

Là encore, l'ethnographie historique pourrait être d'un grand secours à nos responsables politiques. Les Touaregs ne sont en effet pas les seuls habitants de l'ouest saharien, immense région aux caractéristiques géographiques et humaines très contrastées abritant quatre grandes populations aux territoires bien identifiés :

  • Les Touaregs qui sont des Berbères vivent dans le Sahara central ;

  • Les Chaamba qui sont des Arabes se rattachant au rameau des Beni Sulaym ont pour coeur territorial l'oasis de Timimoun en Algérie ;

  • Les Reguibat, eux aussi Arabes et qui revendiquent une filiation idrisside, nomadisent entre la Mauritanie et le Sahara occidental ;

  • Les Maures dont la composante blanche est également arabe puisqu'elle se rattache aux tribus hilaliennes (de Beni Hilal), sont installés en Mauritanie.

Ces populations ont toujours été en conflit. Au moment de la poussée coloniale, et afin de régler de vieux comptes avec leurs voisins berbères, les Chaamba furent ainsi les efficaces auxiliaires des Français qui butaient alors sur le bastion touareg. Aujourd'hui, et les observateurs ne l'ont évidemment pas vu, Aqmi prospèrent essentiellement chez certains Arabes sahariens, pas chez les Touaregs, à quelques exceptions près liées à des clivages internes à certains sous clans.

 

Pour nous, Européens qui devons veiller sur notre arrière-cour saharo-sahélienne, la question est claire : pouvons-nous laisser prospérer un irrédentisme touareg s'ajoutant à des foyers régionaux de déstabilisation situés dans le nord du Nigéria avec la secte fondamentaliste Boko Haram, dans la région du Sahara nord occidental avec Aqmi et dans la zone des confins algéro-maroco-mauritaniens avec le Polisario ?

 

Face à cette nouvelle situation qui est, comme je l'ai amplement démontré, une conséquence directe de la malencontreuse intervention franco-otanienne contre la Libye, deux options sont possibles :

  • Soit l'intervention urgente et massive aux côtés des armées du Mali et du Niger à la fois pour contenir Aqmi et pour sauvegarder nos approvisionnements en uranium. Cette solution sans imagination ne réglera pas le problème en profondeur.

  • Soit tout au contraire, reconnaitre enfin le fait berbéro-touareg et « sous-traiter » à ce peuple à la fois la lutte contre Aqmi et contre les structures mafieuses qui gangrènent la région. Or, une telle politique qui passe par une profonde redéfinition de ces deux façons d'Etats que sont le Mali et le Niger est évidemment inimaginable aux yeux des jacobins et des conformistes qui nous gouvernent.

Une troisième voie sera donc choisie, la pire de toutes, celle de ces demi-mesures qui conduisent toujours à la catastrophe.

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 11:46

24 mars 2012
Benjamen Silué
Le Nouveau Courrier

 

Gbagbo avait pourtant prévenu ses pairs

 

Alors que des rébellions à caractère régionaliste menacent plus que jamais l’intégrité territoriale du Mali, un coup d’Etat militaire mené par des officiers et sous-officiers visiblement en désaccord avec la stratégie de réponse aux insurgés choisie par le président Amadou Toumani Touré s’est soldé, hier, par le renversement du chef de l’Etat et la dissolution de toutes les institutions maliennes. Peur sur Bamako. Comme au Burkina Faso il y a quelques mois – où les mutins ne s’étaient pas emparés du pouvoir –, les hommes en armes ont «réquisitionné» des véhicules appartenant à des particuliers et pillé des biens publics et privés.

 

La France, très hostile en sourdine à Amadou Toumani Touré, a déjà pris acte du coup d’Etat au Mali et appelé à des élections «le plus vite possible», par la voix du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, quand les Etats-Unis continuent (pour l’instant) de soutenir le pouvoir «légitime» de celui qui a renversé l’ancien président Moussa Traoré en mars 1991 avant de laisser le pouvoir à Alpha Oumar Konaré à la suite d’élections libres et de le «récupérer» avec l’onction populaire en 2002.

 

D’ores et déjà, le coup d’Etat qui vient de se dérouler à Bamako fragilise l’Etat malien. Quoi que l’on puisse penser de la réalité du «miracle démocratique» malien, encensé à l’extérieur mais décrit par des critiques locaux – comme Oumar Mariko, ancien leader estudiantin actif dans le renversement de Moussa Traoré et leader du parti SADI – comme un système politique favorisant les combinaisons en amont voire des fraudes discrètes. Les rebelles ont déjà prévenu : ils profiteront de la situation pour prendre de nouvelles villes dans le Nord. De plus, il sera difficile désormais pour la «communauté internationale» d’imposer une solution mettant sur le même pied d’égalité rebelles et autorités de Bamako, dans la mesure où ces dernières ne jouissent plus de la légitimité démocratique et peuvent être considérées comme une «faction» parmi d’autres.

 

Le Mali, pays qui a servi de base arrière aux rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), sans pour autant aller jusqu’aux outrances du Burkina Faso de Blaise Compaoré, est donc dans l’œil du cyclone, dans un contexte géopolitique où les appétits des grandes puissances sont à leur comble. Il faut croire que la jurisprudence de la Côte d’Ivoire, où des putschistes et des rebelles armés ont été traités avec la plus grande des complaisances, joue à fond. Et que «l’esprit qui agit dans les fils de la rébellion» rôde en Afrique de l’Ouest. En proie au démon de la déstabilisation, le président Laurent Gbagbo n’a cessé d’interpeller ses pairs africains sur le fait que la situation en Côte d’Ivoire pouvait être dupliquée ailleurs. Et que c’est pour cette raison qu’il fallait demeurer fermes sur les principes et non se «caler» sur les humeurs de nos anciens ( ?) maîtres. Extraits de deux de ces discours qui apparaissent aujourd’hui comme prémonitoires.

 

Discours à la Nation de Laurent Gbagbo, le 8 octobre 2002, près de trois semaines après le début de la rébellion ivoirienne…

 

«A Accra, nous avons reçu un soutien unanime de la part des chefs d’Etat de la CEDEAO. Tous les Etats de la CEDEAO ont soutenu la Côte d’Ivoire dans son combat juste et ont reconnu que le gouvernement de Côte d’Ivoire était le seul gouvernement légal, légitime et constitutionnel. Et que par conséquent, il fallait tout mettre en oeuvre pour le soutenir. Le sommet d’Accra a été aussi, l’occasion pour les chefs d’Etat de condamner de façon unanime et massive l’agression dont notre pays était l’objet et de condamner les agresseurs pour lesquels ils n’ont pas eu de mots assez durs (…) Je pense que la première mission de la CEDEAO, qui a été effectuée à Abidjan, s’est quelque peu écartée de cette vision de la CEDEAO. (…) Je ne peux entrer en négociations avec des assaillants sans qu’ils n’aient déposé les armes. (…) Entrer en négociation avec des assaillants pour leur demander de déposer les armes, c’est déjà les reconnaître, les légitimer. C’est aussi légitimer l’occupation des villes de Côte d’Ivoire. (…) Si la Côte d’Ivoire faiblit, et donne une légitimité quelconque aux assaillants, ce sera la fin de tous les pouvoirs africains. Il suffira alors que n’importe quelle bande se dote de quelques armes, et elle fera plier, par chantage, n’importe quel gouvernement en Afrique. Souvenez-vous, nos Etats sont fragiles. Nous n’avons pas le droit de les fragiliser encore plus. Souvenez-vous, nous avons des Etats. Nous n’avons pas encore des nations totalement construites. Nous n’avons pas le droit de donner à toutes les bandes les occasions de se signaler et les occasions de se légitimer sur le dos de la loi ; sur le dos de la Constitution. Ce que nous vivons aujourd’hui est un cas d’espèce au niveau de l’histoire et au niveau du droit. Nous devons tenir. Pour que toute l’Afrique ait une jurisprudence à partir de là.»

 

Allocution de Laurent Gbagbo recevant des délégués de la jeunesse africaine en sa Résidence, le 21 décembre 2010, en pleine crise post-électorale marquée par un lâchage d’un grand nombre de pays africains:

 

«Ce qui nous différencie des bêtes, c’est que nous avons des lois et des règles qui nous permettent de vivre en société sans nous dévorer. Une fois que nous dérapons sur les lois, nous tombons dans la sauvagerie, dans la barbarie. Il faut faire en sorte que nous respections les droits que nous nous sommes librement donnés. Si nous ne respectons pas ces lois, c’est la porte ouverte pour que tous les loups affamés de l’extérieur s’engouffrent dans la maison. Si les loups s’engouffrent dans une bergerie, qu’est-ce qui se passe ? Ce sont d’abord les agneaux qui sont mangés, ensuite les brebis, ensuite les taureaux… C’est petit à petit qu’on est mangés. Il faut passer le message aux chefs d’Etat africains. Il y en a qui regardent un chef d’Etat aux prises avec des forces étrangères, et ils rient. Mais il faut leur dire que c’est comme ça qu’on a colonisé l’Afrique. Parce que quand le colonisateur arrivait, il attaquait une tribu, l’autre riait et disait «nous ne sommes pas concernés». Mais quand on a fini avec la tribu A, on passe à la tribu B. (…) Ce qui arrive à Gbagbo arrive potentiellement à tous les chefs d’Etat africains.»

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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 00:00

15 mars 2012
Patrick Mbeko


En mars 2011, lorsque les assassins de l’OTAN ont envahi la Libye, j’étais presque seul à défendre le Guide libyen. L’argument de la plupart de mes compatriotes africains était que Kadhafi est un dictateur qui a passé 42 ans au pouvoir et qu’il devait partir. J’avais beau expliqué que la longévité du pouvoir ne fait nécessairement pas d’un dirigeant un dictateur mais rien. De plus, contrairement à la croyance populaire, Kadhafi n’était pas le chef de l’État libyen mais le « Guide », ailleurs on dirait SAGE.

 

Et contrairement à la plupart des pays africains, la Libye a connu une véritable révolution culturelle dans les années 70. Voilà pourquoi ce pays avait un mode de fonctionnement différent de celui de plusieurs pays africains dont les populations sont terriblement aliénées par le discours dominant du Nord. La plupart des Africains sont convaincus que « l’alternance » qu’ils observent en Occident durant les élections est signe de ce qu’ils appellent « démocratie ». Or il n’en est rien et je vous démontrerai pourquoi. Quand on me demande par exemple qui choisir entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, je réponds : « À la limite, Nicolas Dupont-Aignan ou Eva Joly »,  même si je sais qu’ils ne passeront jamais. En fait, contrairement à ce que le public africain et occidental croit, il n’existe pas de véritable alternance politique dans la plupart de ces pays dits « démocratiques ». Ce que la plupart de gens ignorent, c’est que tous ces politiciens font partie des mêmes cercles du pouvoir, des mêmes réseaux. Ceux qui n’y font pas partie, sont OUT d’office (Le cas du Front National par exemple). C’est comme choisir entre deux doigts d’une main. Posez-vous, par exemple, la question de savoir pourquoi les socialistes français ont soutenu les actions de Sarko en Côte d’Ivoire contre un autre socialiste (Laurent Gbagbo), ou pourquoi ont-ils cautionné la colonisation de la Libye entreprise par Sarkozy et ses amis de l’OTAN? Avez-vous remarqué les similitudes entre Hollande et Sarko sur la Syrie?  Pensez-vous vraiment que la politique de la France envers l’Afrique changera avec Hollande?

 

L’Histoire, avec les Socialistes, nous a déjà donné la réponse à plusieurs reprises. Le cas Obama ne vous rappelle-t-il pas quelque chose? Quand on parle du FN, les Africains sourcillent. Je les comprends. Mais se sont-ils déjà demandés pourquoi ce parti (que je ne supporte pas en passant) est très souvent diabolisé par les grands médias occidentaux? Je vais vous le dire. C’est simplement parce qu’il tient un discours contraire aux intérêts de l’establishment. Le jour où le FN adoptera le type de discours que tiennent l’UMP et les Socialistes sur les questions économiques et financières, les choses changeront pour lui. Savez-vous que Hollande et Sarkozy font partie d’une mystérieuse organisation dénommée «  Le Siècle »? Cette organisation, peu connue du public, réunit les membres les plus puissants et influents de la classe dirigeante française. On y retrouve des politiciens de droite et de gauche, les patrons des plus grandes entreprises françaises, des journalistes de premier plan dans les médias qui « font l’opinion », et quelques universitaires. Le Siècle compte un peu plus de 500 membres choisis par cooptation, auxquels s’ajoutent 200 invités renouvelés chaque année. Nicholas Sarkozy et François Hollande ne sont que de simples « garçons de course » d’un système ultra-puissant. Donc, lorsque vous allez voter, vous choisissez entre le pouce et l’index.

 

Et vous appelez ça « démocratie ». Aux États-Unis, c’est encore pire parce que les votes ne servent en réalité à rien. Le président est choisi d’avance. Le reste, c’est de la poudre aux yeux. Croyez-moi. Les élections au Ghana, en Iran ou dans la plupart des pays d’Amérique latine, sont plus démocratiques qu’en France, aux USA ou même en Grande-Bretagne. Il faut avoir l’esprit « décolonisé » pour comprendre cela. Ceux qui passent pour des « démocrates » aux yeux des Africains sont en réalité des « pantins » d’un système très puissant. Le Bilderberg, la Trilatérale ou le Council of Foreign Relations (CFR). Ça ne vous dit peut-être rien, mais c’est dans ces structures étranges que se décident les affaires du monde. Obama, Bush, Sarko, Stephen Harper, David Cameron, etc. sont les bras exécutant dociles de cet énorme système au fonctionnement opaque. Et ce sont ces gens-là qui débarquent en Afrique et vous demandent d’organiser des élections financées par eux. Et lorsque le vainqueur n’est pas leur allié ou « pion », alors ils disent que ces élections sont entachées de fraudes massives. Comprenez-vous maintenant pourquoi l’élection du Rwandais Paul Kagame, le client numéro un des impérialistes en Afrique, avec ses 95% de voix, est « plus transparente » que celle d’un Mugabe qui a obtenu un score de loin inférieur à celui de son homologue rwandais? Comprenez-vous pourquoi on s’agite terriblement en Russie et non en RDC où on préfère utiliser une phraséologie ambiguë pour décrire les fraudes massives du président sortant; un autre client de l’empire, en mauvaise odeur de sainteté avec ses maîtres ? Selon l’historien belge Ludo Martens, « les puissances impérialistes appellent “démocratisation”, la création de plusieurs partis néocoloniaux qui mangent tous des mains des puissances extérieures et de la grande bourgeoisie locale. Le peuple peut, lors des élections “libres et transparentes”, choisir entre plusieurs partis néocoloniaux qui servent tous les mêmes maîtres et appliqueront les mêmes politiques imposées par l’Occident et le FMI. »

 

Le grand intellectuel américain Noam Chomsky a dit un jour ceci : «  Nous sommes le pays le plus fasciste du monde. Le pouvoir de ce pays a horreur de la démocratie»… Comprenne qui pourra.

 

La plupart des pays occidentaux sont loin d’être des vraies démocraties. Si vous ne me croyez pas, lisez Circus politicus de Christophe Deloire, directeur du Centre de formation des journalistes, et Christophe Dubois grand reporter de l’émission 7 à 8, paru chez Albin Michel cette année. La présentation de l’éditeur : Circus politicus révèle les dessous d’un véritable « putsch démocratique », une tentative de neutralisation du suffrage universel par une superclasse qui oriente la décision publique. Il montre comment le Pouvoir a capitulé devant les puissances financières. Il dévoile les stratégies de double discours et d’hypocrisie française entre Paris et Bruxelles. Histoires, anecdotes, preuves, documents… tout dans ce livre tend à démontrer que les Indignés ont raison de réclamer une « vraie démocratie » ! Entrons dans ce Circus politicus où le peuple est jugé dangereux et la démocratie archaïque. Nous voici dans les réunions ultra secrètes des Conseils européens où tout se joue, dans les coulisses, dans de mystérieux clubs d’influence où les banquiers américains expliquent la vie à nos politiques, dans les officines et les bureaux d’agents secrets… La France est sous la tutelle d’un pouvoir aveugle. La souveraineté, nationale ou européenne, n’est plus qu’une image pieuse entretenue par des « idiots utiles ». Une enquête inédite, iconoclaste qui fait surgir une réalité qu’il vaudrait mieux affronter plutôt que de la nier. Et le site AgoraVox d’en rajouter : « Ces groupes ont littéralement neutralisé la démocratie pour imposer leurs visions du monde. Et c’est là que nous constatons que la propagande des médias, la majorité des journalistes connaissent l’existence de ces groupes et le hold up de la démocratie qui a eu lieu et aucun d’eux jusqu’à présent n’a fait d’investigation traitant de “complotistes”, ceux qui tentèrent d’alerter le monde de la présence d’un plan dont le but est clairement la décapitation du système démocratique à travers la mise en place du désordre économique »… Et voici un extrait du livre sur le président « démocratiquement élu » de la France, Nicolas Sarkozy : « (…) Un an plus tard, Sarkozy prononcera un second discours de Toulon pour défendre son bilan. En réalité, les belles paroles mettront en évidence la vacuité des actions. Car le chef de l’État ne dirige plus grand-chose. La régulation des banques est maintenant à l’initiative du comité de Bâle. »

 

Comment les Africains peuvent-ils prendre comme exemple de « démocratie » un tel système? Un système fasciste qui ne vit que des guerres et des souffrances. Malgré les 42 ans de pouvoir de Mouammar Kadhafi que certains brandissaient pour justifier la colonisation de la Libye par l’Otan, le peuple libyen vivait très bien − mieux même que la plupart des Canadiens, Américains et Français− contrairement aux Congolais et aux Rwandais avec leurs chefs de l’État « démocratiquement élus ». En 2007, la romancière camerounaise Calixthe Beyala, après son retour de la Libye, confiait au journal Figaro : « Je n’ai point rencontré d’homme affamé, mourant sur les trottoirs. Tout au contraire, j’ai été dans des hôpitaux gratuits, ultramodernes, où chaque citoyen avait accès aux soins; j’ai rencontré des hommes heureux de me dire qu’à 25 ans, chacun d’entre eux avait automatiquement droit à un appartement climatisé avec eau et électricité. » Quel dirigeant occidental a pu offrir à son peuple ce que Kadhafi a offert aux Libyens? Bush, Obama, Sarkozy ou Cameron ont-ils offert à leur peuple la moitié de ce qu’a offert Kadhafi à son peuple? Les statistiques sur les conditions de vie en Occident se passent de tout commentaire.

 

Je ne dis pas qu’il ne faut pas avoir des élections transparentes dans nos pays, mais seulement faire les choses selon nos us et coutumes dans le respect de nos populations. Il est temps pour les Africains de  sérieusement réfléchir au modèle politique, économique et social qu’ils doivent établir pour leur propre bien. Je ne dis pas que tout ce que fait l’Occident est mal. Loin de là. Les structures politiques traditionnelles africaines ne fonctionnaient-elles pas bien avant l’arrivée du colon? Nous ne sommes pas obligés de faire du copier-coller à tout bout de champs. Nous imitons aveuglement des gens qui ne sont transparents ni en parole, ni dans leurs pratiques, bref, ni dans leur vie. Les Africains sont terriblement mystifiés par l’Occident. Pour eux, l’Occident est synonyme de progrès, de démocratie et de développement. L’endoctrinement des populations occidentales et africaines par le pouvoir (l’establishment) a été d’une efficacité redoutable. Le contrôle absolu, déguisé en démocratie, peut continuer encore longtemps parce qu’on ne peut se rebeller contre ce qu’on ignore. « La vérité de ce qui se passe, écrit David Icke, est tellement énorme que la majorité des gens ne voudront pas la croire. » Les esprits « occupés » par le discours dominant reproduisent les clichés des maîtres. Et quand on leur parle de certaines vérités que les médias nous cachent bien souvent, ces «têtes occupées » brandissent le qualificatif de « théories du complot ». Comme dirait Noam Chomsky, ce genre de qualificatifs que certains brandissent « quand ils ne veulent pas que vous réfléchissiez à ce qui se passe vraiment. »

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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 18:22

28 décembre 2011
Correspondance de Louis Marie KAKDEU

 

Chère Juliette,

 

J'ai passé une journée d'injustice du fait de ce que je suis étranger dans une prison dangereuse en plein coeur de Conakry pour avoir réclamé d'un agent de police qu'il respecte la loi.

 

En effet, j'ai été interpellé dans la circulation sans raison, alors que je conduisais ma voiture de marque Honda CRV. Je mentionne la marque de la voiture à cause du fait que les policiers ont coutume d'extorquer de l'argent aux étrangers identifiables par leur voiture. Quand tu es interpellé, on ne manque jamais de motif à te coller. 

 

Donc, l'agent m'a demandé de me garer, ce que j'ai fait. Il a demandé les pièces du véhicule ainsi que mes pièces personnelles que j'ai présentées. Seulement, c'est mon permis de conduire international que j'ai présenté. L'agent a estimé que j'étais dans un délit de conduite sans permis qui allait me coûter très cher (l'équivalent de 50 euros). Il a retenu les pièces du véhicule (carte grise, assurance, vignette) et m'a demandé d'aller chercher mon permis de conduire guinéen pour venir récupérer mon dossier. Je lui demandé de s'identifier lui-même afin que je sache auprès de qui faire mes réclamations. L'agent en question n'avait pas de badge professionnel, et j'ai donc refusé de lui laisser mes pièces et de corrompre. J'avais la présomption qu'il était un faux policier comme c'est courant par ici. Il m'a menacé de m'amener en fourrière, la "routière" comme on l'appelle ici. J'ai accepté de m'y rendre parce que je savais qu'étant légalement domicilié en Europe, je pouvais conduire en Guinée avec mon permis international. 

 

Le policier monta illégalement dans ma voiture au siège avant et m'imposa de démarrer. La "routière" se trouvait à environ trois kilomètres. En cours de route, le policier renonce à m'y conduire. Il a l'idée de me livrer à ses complices à un autre barrage de police au lieu dit Dixinn Terrasse.  J'ai compris que j'étais en danger et j'ai exigé qu'on ne s'arrête qu'à la "routière" au milieu des autorités, où j'estimais que je pouvais être au moins en sécurité. L'individu se leva, tira sur le frein à main et posa son pied gauche sur le mien au-dessus du frein au moment où ma préoccupation était de stabiliser la voiture. Le véhicule s'immobilisa donc en pleine chaussée et il eût attroupement. J'ai eu la chance cette fois-là qu'on n'avait dépassé que d'environ 150 mètres la barrière de police. Je pus me débattre pour continuer avant l'arrivée des policiers. 

 

Au niveau du quartier Minière où se trouve la "routière", c'est mon bourreau qui refusa cette fois-ci qu'on prenne la première sortie de l'autoroute qui devait directement nous conduire aux autorités compétentes. Je commis l'erreur d'accepter sa proposition de passer par le Rond-point Hamdallaye. A cet endroit, il y avait une autre barrière de police et une gendarmerie. Donc, il a créé un accident en  reprenant le même scénario de Dixinn pour immobiliser la voiture sur l'autoroute. Dans la foulée, je fus cogné par derrière par un taxi non identifié. Pendant ce temps, je devais me battre aussi pour stabiliser la voiture au milieu des coups de poing du policier. L'incident qu'il recherchait fût créé. Je réussis à m'extirper de la voiture et je dois reconnaître honnêtement que je me suis débattu comme le ferait toute personne en situation d'agression et de légitime défense. Ayant vu cela, policiers et gendarmes de ce barrage et de la gendarmerie d'à côté se sont déversés sur moi et m'ont copieusement battu. Ils m'ont ensuite enfermé avec des brigands dans une cellule infeste, sans qu'aucune charge ne soit établie contre moi. Par le biais d'un gendarme conciliant, j'ai pu alerter quelques membres de la communauté camerounaise, mais qui n'ont pas pu me voir. Ils ont trouvé un avocat qui n'a pas pu me voir non plus. Entre temps, j'étais à la merci de certains gendarmes qui, de temps en temps, venaient décharger leur animosité sur moi. Les autorités consulaires du Cameroun n'ont pas été alertées. 

 

Finalement, mes contacts ont pu alerter le cabinet du Ministre de la Défense qui a réagi positivement. J'ai donc été sorti de cet enfer vers 21heures, mais je n'ai pas pu avoir accès à mes affaires personnelles qui avaient déjà disparu (chaussures, cravate, montre). Je n'ai pas pu non plus sortir ma voiture endommagée. 

 

Les forces de l'ordre avaient fabriqué un motif (coups et blessures sur un agent en plein service), et une une déposition farfelue me fut présentée, que je n'ai pas signée. Ils ont estimé que j'étais "gonflé à la Dadis Camara". Vers 22 heures, ils m'ont demandé de verser l'équivalent de 1000 euros pour pouvoir sortir , vu que mon cas était soi-disant "très grave". J'ai déposé une caution qui a permis que je sois libéré de la prison infeste malgré l'intervention du Ministre.

 

1. Mes droits n'ont pas été dits et respectés.

 2. J'ai été détenu illégalement à la gendarmerie pour une affaire de la police sans aucune plainte contre moi.

 3. Je n'ai pas eu droit à mon avocat.

 

4. J'ai essuyé des propos xénophobes inacceptables.

 

Donc, je t'écris parce que je vais réclamer mes affaires avec mes conseils. Si tu n'as pas de mes nouvelles d'ici à 18 heures TU aujourd'hui, je prie de prendre toutes les dispositions nécessaires pour alerter l'opinion internationale et l'opinion camerounaise. Je te réécris d'ici là.

 

Merci d'avance pour ta sollicitude.

 

 

Louis-Marie KAKDEU
Consultant - Chercheur - Formateur

 

"N'être esclave de rien"

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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 18:40

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le 25 décembre 2011


Discours de Ludo Martens 

lors de la commémoration Che Guevara,
dans la Salle des Conférences, au Ministère des Affaires étrangères,
Kinshasa, 23 avril 2005

(Version intégrale)

 

C'est à 4 heures du matin du 24 avril 1965 que Che Guevara arrive au maquis de Kabila dans la localité Kibamba dans la région de Fizi-Baraka. La révolution congolaise se trouve déjà dans une situation de crise profonde, après les opérations militaires d’octobre - décembre 1964 entreprises par les mercenaires blancs, sud-africains, rhodésiens, allemands etc., encadrés par des officiers belges et américains.

 

http://cubanismo.net/cms/sites/default/files/020_che_in_congo_1.jpgL'histoire du Che au Congo est à la fois pathétique et héroïque.

 

Pathétique, parce que l'entreprise était condamnée à l'échec dès le départ. 

En débarquant au Congo, Che et ses compagnons ont projeté sur le Congo, leur propre l'expérience des luttes révolutionnaires à Cuba et en Amérique latine. Or, depuis plus d'un siècle, depuis Bolivar, de grandes luttes révolutionnaires ont marqué l'histoire de ces pays. Alors que le Congo n'était qu'au tout début de sa lutte de libération…Les Cubains mesuraient en quelque sorte une première expérience toute fragile au Congo, à leur longue expérience de la révolution qui couvrait plusieurs générations…

Des malentendus énormes étaient inévitables entre des Congolais sans la moindre expérience révolutionnaire, sans organisation, sans idéologie, sans références et ces Cubains, révolutionnaires professionnels endurcis dans la lutte clandestine et dans la lutte armée…

 

Héroïque, parce que Che et ses compagnons ont donné un exemple de solidarité révolutionnaire, de dévouement, d'humilité, de détermination à découvrir les authentiques révolutionnaires congolais et à les aider de toutes les façons possibles. 

Les efforts du Che et de ses compagnons ont été héroïques, mais aussi : fructueux. 
Les graines qu'ils ont semées ont poussé. Deux ans plus tard, elles ont déjà commencé à donner des fruits. Nous parlons de la fondation du Parti de la Révolution Populaire, le 24 décembre 1967 à Hewa Bora. Et l'arbre cubain a finalement, 31 ans plus tard, donné une récolte presque miraculeuse. 
Nous parlons de la victoire de la guerre de libération, le 17 mai 1997…

 

1. Servir le peuple, enseigner inlassablement la révolution au peuple

 

C'est la première leçon que nous retenons de l'action révolutionnaire du Che au Congo.
A son arrivée au Kivu, Guevara a été accueilli dans une guérilla caractérisée par la désorganisation, le règne de petits chefs locaux, l’absence de discipline et de combativité, 

Au Congo depuis six semaines, Guevara écrit ceci: «Il y a le manque général de cadres d’un niveau culturel approprié et d’une fidélité absolue à la cause de la Révolution. Il y a une prolifération de chefs locaux ayant chacun leur autorité. Il n’y a pas de discipline dans les unités, elles sont contaminées par l’esprit de clocher.» (p.125) "Indiscipline, désordre, ignorance des règles du combat les plus élémentaires, carence de combativité et d'autorité des dirigeants". (p.158)

 

Quarante années après l'arrivée du Che, les faiblesses de la révolution congolaise sont toujours les mêmes : manque de cadres d'une fidélité absolue à la révolution, esprit de clocher, chacun préférant être chef dans son petit fief, plutôt que d'être membre d'un ensemble national hiérarchisé et discipliné…

 

Che Guevara a été frappé par les différences de classe dans la société congolaise où, selon certains, il n'y aurait pas de lutte de classes. Che note : "Dès les premiers instants, nous ressentîmes une franche division: aux côtés de gens très peu éduqués, majoritairement paysans, on en trouvait d'autres avec une culture supérieure, un habillement distinct, une meilleure connaissance du français; entre ces deux groupes d'hommes, la distance était absolue." "L'Armée de libération recevait des renforts, sous forme de contingents entraînés en Chine et en Bulgarie. C'étaient des cadres entraînés par la Révolution, ils ne pouvaient pas se risquer au combat, cela aurait été irresponsable; non, ils venaient déverser sur leurs camarades la montagne de connaissances accumulées en six mois d'études théoriques, mais on ne pouvait commettre le crime de lèse Révolution consistant à les envoyer au combat." (92)

"Les 'cadres' avaient effectué des séjours d’étude à l’étranger, et la Révolution leur devait beaucoup, elle devait leur rembourser, maintenant qu’ils venaient faire le sacrifice d’être avec leurs camarades. Ils n’ont presque jamais participé au combat. Ils ont formé des organisations politiques parallèles, qui se disaient marxistes-léninistes mais ne servaient qu’à accentuer les divisions. Ce genre de révolutionnaires ne cultivaient que l’ambition d’obtenir un poste de direction grâce à leurs colossales connaissances. Et au front, ils regrettaient le bon, temps passé à l’étranger."

 

Guevara est aussi frappé par la misère effroyable des paysans qu’il trouve patriotes, courageux et chaleureux. Mais ces mêmes hommes, lorsqu’ils entrent dans l’armée de libération, « se transforment en soldats indisciplinés, paresseux et sans combativité ». 

Pour Guevara, une armée révolutionnaire est au service des masses paysannes, elle doit tout faire pour être autosuffisante. Mais lorsqu’il demande à un combattant congolais de transporter des marchandises, il reçoit la réponse: "Mini hapano motocari", ce qui signifie : « Je ne suis pas un camion, moi!»(p.119) 

La conclusion du Che : «L’Armée Populaire de Libération est une armée parasite caractérisée: elle ne travaille pas, ne s’entraîne pas et ne lutte pas. »L’arme donne du pouvoir, et notamment le pouvoir de parasiter sur la masse… Très facilement, les jeunes paysans en armes se constituent en une caste qui vit aux dépens de la masse qu'elle brime et maltraite…

 

Aujourd'hui, cette tendance existe toujours au Congo et elle a été poussée à son comble par les soi-disant "rebelles" du RCD et du MLC, qui n'étaient que des parasites des armées rwandaises et ougandaises, des parasites qui ont aidé les agresseurs à exterminer 4.000.000 Congolais…

En 1965, le parasitisme concernait également, et avant tout, les chefs politiques qui, pour la plupart, cherchaient à faire du tourisme dans les pays socialistes et anti-impérialistes, mais évitaient tous les risques du maquis.

 

Quarante années plus tard, la formule "1 + 4" montre que la plupart des hommes politiques cherchent toujours le pouvoir pour "parasiter la masse" par des détournements, des vols, des magouilles, des pourcentages exigés illégalement sur n'importe quelle affaire…

 

En 1965, les jeunes combattants congolais sans idéal politique clairement conçu, sans volonté de combat, sans esprit de discipline, devaient être"poussés"à la guerre par les internationalistes cubains. Et dès que les balles sifflaient, ils prenaient la fuite.

Ce qui confirme cette vérité fondamentale de toute lutte de libération : à la base de tout mouvement révolutionnaire authentique, il doit y avoir l'organisation politique révolutionnaire qui donne aux combattants un idéal, une conviction, un esprit de sacrifice et une discipline consciente. 

Pour faire une révolution populaire, il faut une ligne politique qui reconnaît le rôle déterminant des masses ouvrières et paysannes et des opprimés dans le processus révolutionnaire. Une ligne politique qui reconnaît que les masses doivent être conscientisées et organisées pour le combat et pour la production dans l'intérêt de la communauté. 

Il faut une idéologie révolutionnaire qui transforme chaque cadre et combattant grâce aux principes universels de la révolution anti-impérialiste et du socialisme.

 

Aujourd'hui, quarante années plus tard, honorer Che Guevara et Laurent Kabila, c'est œuvrer à l'organisation politique révolutionnaire unifié qui donnera un idéal, une conviction, un esprit de sacrifice et une discipline consciente aux masses populaires.

 

Revenons à 1965, revenons à cette armée parasite qui ne travaille pas, ne s’entraîne pas et ne lutte pas.
Première opération militaire : le 29 juin 1965, une attaque contre la caserne du "Front de Force". Che note : "Ce fut la débandade complète." Avant le début de l'opération, un combattant avait tiré involontairement un coup de fusil. Et la troupe s'est complètement désintégrée… Les forces congolaise et rwandaises ont abandonné armes et munitions, ainsi que leurs morts.

 

La seconde opération était aussi la seule de grande envergure, une attaque contre les installations militaires de Front de Force et de Katenga. Les combattants cubains l'ont, en fait, menée de bout en bout. "Sur les 160 combattants congolais engagés, 60 ont déserté avant même les opérations. La majorité des Congolais poussaient sur la gâchette en fermant les yeux, jusqu'à épuisement des balles. Ensuite, ils attribuaient la défaite à l'incompétence du sorcier qui a été chassé. Dans la fuite, les officiers avaient donné l'exemple et surtout les commissaires politiques." 

A la vue de cette débandade, même les guérilleros aguerris du Che étaient découragés. (p. 142-143)

Le Che disait : « Son diplôme réel, le soldat révolutionnaire, il l’obtient dans l’exercice de sa profession, par sa manière de réagir aux attaques ennemies, dans la souffrance, dans l’acharnement au combat ». (p.55) 

Mais ses compagnons congolais n'avaient aucune référence pour pouvoir comprendre ce langage.

Suite à ces catastrophes, il y eut un découragement parmi les combattants cubains, ainsi qu'un certain dédain envers les combattants congolais. Guevara n’acceptait ni l'un, ni l'autre. 

Che a rédigé un « Message » à ses compagnons cubains où s’exprime sa noble conception de la révolution et de l’internationalisme prolétarien: «Notre mission est d’aider les Congolais à gagner la guerre... Il faut encore accentuer notre travail politique. Il faut que les cadres voient à travers notre exemple qu'on peut agir autrement. Nous devons... nous efforcer de pratiquer une authentique camaraderie révolutionnaire à la base, entre combattants; c'est de là que sortiront les cadres moyens de demain... La soif d'enseigner doit être prioritaire pour nous... La modestie révolutionnaire doit diriger notre travail politique... Notre esprit de sacrifice doit être un exemple pour nos camarades congolais....» (p.168-169)

Comme dirigeant révolutionnaire et communiste, Che Guevara s’efforce à éduquer une nouvelle génération congolaise qui dirigera à l’avenir la véritable révolution congolaise. Il écrit début juillet 1965 : «La mission la plus importante que je puisse accomplir est de former des cadres, et c’est à la guerre, au front, et non à l’arrière-garde qu’ils doivent être formés.» (p.149) Che souligne ainsi qu'un révolutionnaire se forme avant tout dans la lutte, aux côtés des masses en lutte.

 

Quarante année plus tard, la tendance néfaste subsiste à se proclamer nationaliste, révolutionnaire ou kabiliste tout en ayant aucun lien avec les masses et en faisant aucun effort pour mobiliser et organiser ces masses pour la lutte contre les ennemis du Congo.

 

Etre avec les masses, lutter avec les masses, enseigner inlassablement la révolution au peuple au cours de la lutte, éduquer les cadres et les masses au front, dans le combat contre l'ennemi : c'est bien le première leçon que Che a donné aux révolutionnaires congolais et africains.

 

2. Etre prêt à mourir pour la révolution congolaise

 

La deuxième leçon que Guevara donna au Congo fut une leçon de morale révolutionnaire.

Au Congo, même dans les difficultés les plus terribles, le Che exigeait de la part de ses compagnons cubains une confiance dans la victoire finale. 

Après une débandade des troupes congolaises, certains camarades cubains se montraient découragés. Guevara leur disait: «Tu ne dois jamais permettre que qui que ce soit puisse penser que tu es vaincu et sans courage pour continuer la lutte. Tu dois te maintenir dans la disposition combative maximale et ton comportement, qui doit être visible, doit servir d’exemple et d’encouragement.» (p.293)

Guevara exigeait que les combattants membres du Parti communiste cubain croient à la victoire de la révolution congolaise et qu’ils soient prêts à mourir pour elle. Che écrit : « (Lors du rassemblement des combattants cubains) j’ai demandé qui croyait dans la possibilité du triomphe de la révolution congolaise. Seuls Moja, Mbili et quatre autres ont levé la main. Puis j’ai déclaré que parfois je devrais demander des sacrifices qui pouvaient aller jusqu’à celui de leur vie. Et là, ils ont tous levé la main.» (p.261)

 

3. Le Che sur Kabila : « Il a un cerveau clair et une personnalité de dirigeant ».

 

En novembre - décembre 1996, un inconnu, un certain Kabila, faisait parler de lui.
« Le Monde » s'est hâté de nous expliquer que le grand Che Guevara avait dit à l’époque que Kabila ne valait rien… 


Le Monde faisait de l'intox. 

 

Lorsqu'il Laurent Kabila a rencontré le Che pour la première fois à Dar Es Salaam, il lui a expliqué la situation à la tête du mouvement. Che a écrit sur cette première rencontre: (p.51) : "Kabila m'a fait une excellente impression. L'exposé de Kabila a été clair, concret et ferme. Il m'a parlé de son opposition à Gbenye et Kanza et de son désaccord avec Soumialot. Il m'a dit qu'on ne peut parler d'un gouvernement congolais, sans avoir consulté Mulele, l'initiateur de la lutte. Kabila se rend parfaitement compte que l'ennemi principal est l'impérialisme américain et il se montre disposé à lutter contre lui de manière conséquente, jusqu'au bout." "J'ai offert à Kabila au nom du gouvernement, trente instructeurs cubains et autant d'armes que possible, ce qu'il a accepté."

 

En 1965, Kabila arrivait encore rarement au maquis de Fizi-Baraka. Pour s'attirer la sympathie des Cubains, des Congolais opportunistes sortaient un argument "révolutionnaire" : Kabila ne veut pas se rendre sur le champs de bataille…

Ainsi, des combattants congolais sont venus voir le commandant cubain Pablo pour lui dire que Kabila n'avait aucune volonté d'aller combattre à l'intérieur. Mais Pablo dit à Che Guevara : " Ils veulent s'abriter derrière ta personnalité et derrière les Cubains pour créer leur propre groupe." 
Che Guevara répond à Pablo : "J'ai confiance en Kabila, tous les autres sont pires et ne sont pas aussi intelligents. Assure Kabila que nous travaillons loyalement à la consolidation de l'unité du mouvement sous son commandement." (178)

 

Le jeune Kabila de 1965 ne pouvait pas, en tant qu’individu, échapper aux limitations de son milieu et de son époque. Mais Che Guevara voyait plus loin que les difficultés et les faiblesses du présent. Il note la fin de son séjour au Congo ceci. 

«Quel genre de chefs a eu la révolution? … Sans aucun doute, Kabila est le seul qui ait à la fois un cerveau clair et une capacité de raisonnement développée, une personnalité de dirigeant. Il s’impose par sa présence, il est capable d'exiger la loyauté, il est habile dans ses relations directes avec la population; en somme, c’est un dirigeant capable de mobiliser la masse." (p.357)

«Le seul homme qui a de véritables qualités de dirigeant des masses, me semble être Kabila. A mon avis, si un révolutionnaire complètement pur n’a pas certaines qualités de guide, il ne peut pas diriger une révolution, mais un homme qui a des qualités de dirigeant ne peut pas pour autant mener à bien une révolution. Il est important d’avoir le sérieux révolutionnaire, une idéologie qui guide l’action, un esprit de sacrifice qui accompagne ses actes. Jusqu’à présent, Kabila n’a pas démontré posséder une seule de ces qualités. Il est jeune et il peut changer.…"

 

Quand Guevara et Kabila se séparent, ce dernier n'a que 24 ans ! Qui ose se présenter comme révolutionnaire accompli à cet âge ? 

Laurent Kabila a pris les observations du grand Che Guevara au sérieux. Il a fait ce que le Che lui a conseillé et ce que Mulele avait fait en 1962. Kabila a suivi les traces de Mulele en Chine. Il a suivi une formation politique et militaire à la même académie politico-militaire de Nanking. Kabila a suivi une formation beaucoup plus longue que Mulele: 6 mois et 28 jours…

Laurent Kabila est retourné au Congo en 1967 complètement transformé et, le 24 décembre 1967, il y a fondé le Parti de la Révolution Populaire. A partir de cette date jusqu'à son assassinat, Kabila s'est montré digne de la confiance du Che et digne de la confiance du peuple congolais.

 

C'est la troisième leçon que Che Guevara nous donne : personne n'est né révolutionnaire, chacun peut acquérir la volonté de servir les masses populaires, chacun peut se former comme dirigeant du parti révolutionnaire et de la révolution congolaise, …comme Laurent Kabila l'a fait.

 

4. CHE : "La tâche essentielle, c'est de former le Parti de la Révolution"

 

Che Guevara n'a été que sept mois au maquis de l'Est dirigé par Kabila. Mais avec pertinence, il a su dégager les deux problèmes essentiels pour que la révolution soit définitivement implantée dans l'esprit des masses populaires : il faut développer un projet dans lequel les masses peuvent clairement saisir les améliorations qui seront introduits dans leur vie quotidienne grâce à la révolution; il faut créer un Parti révolutionnaire uni et d'envergure national. Laurent Désiré Kabila a justement pris en main ces deux questions cruciales : il a créé les Comités du Pouvoir Populaire pour que les masses aient une idée précise des améliorations que le nouvel Etat populaire voulait introduire dans leur vie, du quartier à la commune, puis de la province au niveau national. Mzee avait créé en 1967 le Parti de la Révolution Populaire comme force dirigeante de la Révolution. En 2000, il s'apprêtait à reconstruire le PRP avec les éléments les plus avancés des CPP, les éléments qui avaient, comme Mzee le disait : "muri politiquement".

 

CHE: "L’impact des idées socialistes doit atteindre les grandes masses des pays africains, comme une adaptation aux nouvelles conditions pour offrir une image complète des améliorations substantielles qui peuvent être clairement imaginées par les habitants. 

Pour tout cela, l'idéal serait l'organisation d'un parti sur des bases réellement nationales, avec du prestige aux yeux des masses, un parti avec des cadres solides et éduqués; ce parti n'existe pas au Congo. Tous les mouvements lumumbistes sont des structures ver¬ticales, avec à leur tête des chefs qui ont un certain développement intellectuel, et totalement accaparées par des cadres de la petite bourgeoisie, hésitants et portés sur le compromis. Dans les conditions du Congo, un parti nouveau, basé sur les enseignements du marxisme et adapté à ces nouvelles conditions, doit s'appuyer, dans un premier temps au moins, sur des figures de prestige, qui soient reconnues pour leur honnêteté, leur capacité à représenter réellement la nouvelle nationalité congolaise, leur esprit de sacrifice, leur aptitude à commander et à rassembler; ces hommes surgiront du combat.

Aujourd'hui le camarade Mulele persiste, faisant un travail souterrain et inconnu de nous, mais il est également possible de travailler dans la zone orientale où est née cette base fondamentale de l'armée de guérilla que constitue la révolte contre la répression, l'expérience les armes à la main, la conviction intime des possibilités que cela apporte. D'où la tâche fondamentale de cette période, le développement d'un parti dirigeant de la Révolution, de taille nationale, avec des mots d'ordre intimement liés au peuple, des cadres respectés; et pour cela il faut une équipe dirigeante compétente, héroïque et visionnaire."

 

5. La grande contribution du Che et de Cuba à la lutte de libération en Afrique

 

Revenons un peu en arrière et plaçons l'épopée congolaise du Che dans son contexte africain.

Tout a commencé le 11 décembre 1964, lorsque Che Guevara prend la parole lors du XIXe Assemblée générale de l'ONU. Nous sommes à peine quelques semaines après le début de l'agression américano-belge qui était renforcée par des troupes mercenaires sud-africaines et rhodésiennes. 

Che évoque devant l'Assemblée générale de l'ONU "le cas douloureux du Congo, unique dans l'histoire du monde moderne, qui montre de quelle manière on se moque du droit des peuples dans la plus grande impunité. Les énormes richesses que détient le Congo et que les nations impérialistes veulent maintenir sous leur contrôle, sont le motif de tout cela. … Tous les hommes libres du monde doivent s'apprêter à venger le crime commis contre le Congo".

 

Le 17 décembre 1964, Che quitte New York pour Alger. Dans une tournée africaine il visitera 8 pays - Algérie, Egypte, Mali, Congo, Guinée, Ghana, Dahomey (Bénin), Tanzanie, Congo Brazzaville. Et il fera aussi un crochet en République Populaire de Chine.

 

Le 18 décembre, le Che arrive à Alger, capitale de l'Algérie révolutionnaire. Le lendemain, il rencontre le président Ben Bella, grand admirateur de Lumumba, qui soutiendra la révolution muleliste de 1964-65 de toutes ses forces. 

Le camarade Yerodia rencontre Che et lui déconseille de venir au Congo : "Notre révolution est dans une phase de déclin, nous ne pouvons pas assumer correctement votre présence au Congo."

Le 26 décembre, le Che rencontre Modibo Keita, le président malien, panafricaniste et anti-impérialiste.

Le 2 janvier 1965, il rencontre le président Massemba-Debat à Brazzaville, puis Kwame Nkrumah à Accra et Sékou Touré à Conakry…

Che Guevara a également des entretiens avec les principaux dirigeants des mouvements de libération de l'Afrique : Samora Machel du Mozambique, Agostino Neto et Lucio Lara de l'Angola.

La tournée africaine du Che fin 64 - début 65 a été un événement historique : il a initié l'épopée héroïque des combattants internationalistes cubains venant soutenir la lutte de libération sur le continent africain.

Tous les révolutionnaires cubains savent que l'histoire de Cuba a commencé avec le génocide de la population indigène appelée "indiens" par les conquérants espagnols. Aucun Indien n'a survécu. 

Ainsi les Espagnols ont importé des esclaves africains venus du Bénin et du Congo et de l'Angola. Tous les révolutionnaires cubains connaissent les crimes commis par les colons contre les populations esclaves venues de l'Afrique et Che et ses compagnons, en apportant une aide internationaliste aux patriotes africains, savaient qu'ils payaient simplement une dette à l'Afrique… La grande majorité des combattants cubains étaient d'ailleurs des descendants d'esclaves africains…

Mais Che n'a pas seulement initié la solidarité militaire de Cuba avec la révolution africaine, il est aussi à la base des programmes d'aide dans le domaine de la médecine, de l'éducation et du développement. Cuba a actuellement 50.000 coopérants dans 65 pays de l'Amérique Latine, de l'Afrique et de l'Asie. Cuba a ouvert ses universités à 60.000 étudiants et étudiantes du Tiers monde parmi lesquelles la fille de Léonie Abo, la compagne de Pierre Mulele, qui vient de terminer ses études de médecine….

 

Le 11 février 1965, le Che arrive à Dar Es-Salaam. Il y rencontre les Combattants de l'indépendance de toutes les colonies africains, réfugiés dans la capitale tanzanienne. Che a un premier entretien avec Laurent Kabila, le chef du Front de l'Est.

 

Che arrive le 24 avril 1965 à 04h00 dans le maquis de Kabila, dit le maquis de Fizi-Baraka….
Des groupes de combattants cubains l'y rejoignent et Che se trouvera finalement à la tête de 123 combattants cubains.

 

Le combat de Che Guevara et des internationalistes cubains a été hypothéqué dès le début. Cette révolution était déjà sur le déclin lorsque Guevara entra au maquis. Il n'y avait pas de cadres congolais pour reprendre en main cette révolution en déclin et la donner une nouvelle impulsion. L'œuvre héroïque des internationalistes cubains était donc condamné à l'échec. Mais de cet échec ont jailli trois mouvements révolutionnaires puissants.

 

  1. D'abord, Laurent Kabila et ses compagnons feront le bilan autocritique de la révolution muleliste et ils donneront au Congo le premier Parti révolutionnaire authentique: le Parti de la Révolution Populaire. Cette expérience culminera dans la guerre de libération de 1996-97.

  2. En Janvier 1966, la première Conférence Tricontinentale est organisée à La Havane, Cuba. Elle réunit des révolutionnaires et des patriotes de l'Amérique Latine, de l'Afrique et de l'Asie. La Tricontinentale sera un forum unique où la solidarité révolutionnaire entre les trois continents dominés par l'impérialisme est organisée et l'expérience révolutionnaire échangée.

  3. Les combattants cubains de la glorieuse colonne de Che Guevara ont tiré des leçons de la défaite congolaise. Ils ont livré pendant un quart de siècle des combats historiques pour la liberté des peuples africains, luttes qui ont changé radicalement le cours de l'histoire avec les victoires de la révolution anti-coloniale en Angola, en Namibie, au Mozambique, en Guinée-Bissau et avec la défaite de l'armée de l'apartheid en Angola et en Namibie….

 

Ainsi, dix années après l'expérience désastreuse de Che au Congo, les détachements de l'armée mobutiste ont été mis en déroute par les forces cubaines et angolaises à Kinfangondo, Cabinda, Negage-Uige et elles ont été expulsées de l'Angola.

 

En 1975-76, les troupes de l'Apartheid ont fait des avancées dévastatrices sur Luanda. Elles ont été arrêtées sur la rivière Queve par les troupes cubaines et les troupes du MPLA. En cinq mois, l'armée de l'apartheid a été chassée de l'Angola. En 1987-88, les troupes du régime raciste sont à nouveau entrées en force en Angola. Lors de la bataille historique de Cuito Cuanavale, les agresseurs sud-africains ont subi une défaite stratégique face aux troupes cubaines, angolaises et namibiennes. C'était le retrait définitif des troupes racistes de l'Angola et la déclaration de l'indépendance de la Namibie…

 

En juillet 1965, la colonne Deux dirigé par Jorge Risquet est arrivée à Brazza pour défendre la gouvernement nationaliste de Massemba Débat. Elle comptait 250 hommes. Les Cubains ont aussi entraîné la Milice populaire pour défendre le pays. 

A Brazza, Risquet devait aussi former les combattants du MPLA. En septembre 1966 une colonne de 100 hommes, parti de Brazza via Kinshasa, atteint la Première Région à Ngalama sans avoir rencontré l'ennemi. 

Une deuxième colonne de 127 hommes part mi-janvier 1967. 21 hommes arrivent à destination, tous les autres sont morts dans le combat ou de faim. 

Une autre colonne entraînée par les Cubains est arrivée dans la Troisième Région.

En Guinée Bissau, le grand révolutionnaire Amilcar Cabral, que Che Guevara avait rencontré leur de son tournée africain, a engagé une soixantaine de cadres et de combattants cubains pour la lutte contre la domination coloniale portugaise…

 

La quatrième leçon que Che Guevara nous donne, c'est la nécessité d'organiser la lutte révolutionnaire de tous les peuples africains contre l'impérialisme, lutte qui doit se transformer au moment opportun en guerre populaire pour la libération nationale et sociale.

 

6. Les peuples du monde doivent s'unir dans le combat commun contre l’impérialisme et principalement l'impérialisme américain.

 

Il faut pratiquer l'internationalisme et la solidarité de tous les peuples opprimés et de toutes les classes exploitées contre l'impérialisme, l'ennemi principal des peuples dominés et des masses populaires: c’est la leçon essentielle qui se dégage de toute la vie militante du commandant Ernesto Che Guevara.

 

Avant de partir au Congo, Che écrit dans sa lettre d’adieu à Fidel. «Sur les nouveaux champs de bataille, je porterai ... la sensation de remplir le plus sacré des devoirs: lutter contre l’impérialisme où qu’il se trouve.»


L’internationalisme du Che est inséparablement lié à son esprit de sacrifice dans le combat pour libérer tous les exploités du monde. «N’est révolutionnaire que celui qui est disposé à renoncer à toutes les commodités pour aller lutter dans un autre pays.» (p.349)

 

L'internationalisme, Che ne l'a pas appris en Afrique. Il l'a appris à l'âge de 24 ans, et à moto.

 

En effet, après avoir fait les candidatures en médecine dans son pays, l'Argentine, Guevara a fait une tournée en Amérique Latine à moto. Il a vu les terribles conditions de travail des mineurs chiliens, exploités à mort par des multinationales américaines. Au Pérou, il a rencontré le docteur Hugo Pesce, grand scientifique et révolutionnaire marxiste.


En Colombie et au Venezuela il a eu la confirmation que deux calamités mortelles frappent toute l'Amérique Latine : l'exploitation éhontée des ouvriers et des paysans et la domination économique, politique et militaire de l'impérialisme yanqui. Puis le jeune Che, transformé en marxiste et révolutionnaire convaincu, rentre en Argentine pour achever ses études de médecine.

 

Et ensuite il a repris la route vers la Bolivie, le Panama, Costa Rica, Nicaragua, Honduras, Salvador et Guatemala. 

Dans ce dernier pays, il a vu comment le gouvernement patriote d'Arbenz Jakobo a été attaqué par l'impérialisme américain venant au secours de la multinationale United Fruit Company. Des milices populaires ont été formées et Che Guevara s'est engagé pour la première fois dans sa vie à manier des armes.

Lors de la répression au Guatemala, l'armée et les services secrets américains arrêtaient et massacraient les patriotes et les révolutionnaires. Che Guevara a pu s'échapper de justesse au Mexique.

 

C'est là qu'il rencontre Raoul Castro et puis Fidel et qu'il s'engage avec 82 autres révolutionnaires sur le bateau Granma pour aller soulever les masses cubaines contre la dictature de Batista.

 

Le Che dira : "Je considère toute l'Amérique Latine comme ma patrie". Il suivait ainsi les enseignements des grands révolutionnaires Simon Bolivar et Jose Marti qui à la fin du XIX siècle, ont mobilisé l'ensemble de l'Amérique latine contre la domination espagnole…

 

Arrivé à Cuba, Che commandera la deuxième colonne de la guérilla dans les montagnes de la Sierra Maestra. Che y a grandement contribué au combat victorieux contre 10.000 soldats envoyés par Batista.

Ensuite, Che Guevara commande la 8e colonne qui quitte la Sierra Maestra pour Santa Clara, où la bataille décisive sera livrée contre les troupes de la dictature. 3.000 soldats de Batista se rendent et le dictateur prend la fuite…

 

Après la victoire, l'argentin Guevara reçoit la nationalité cubaine et il devient directeur de la Banque nationale, puis ministre de l'industrie.

Fin 1960, l'impérialisme yanqui instaure un embargo commercial total contre Cuba, suivi par la rupture des relations diplomatiques. Le Che dirige alors une délégation cubaine qui se rend en Union Soviétique, en Allemagne de l'Est et en Tchécoslovaquie, en Chine et en RDP de Corée.

 

Che écrira : «Face à l’impérialisme yankee, il ne suffit pas d’être décidé à la défense; il est également nécessaire de l’attaquer dans ses bases d’appui, dans les territoires coloniaux et néo-coloniaux qui servent de base à sa domination du monde.» (p.383-384)

 

En 1960-1967, un petit peuple du tiers monde, le peuple vietnamien, a donné des coups dévastateurs à l'impérialisme américain. Che Guevara avait une admiration sans bornes pour le courage et l'héroïsme de Ho Chi Minh et du Parti du Travail Vietnamien. Il avait honte que la solidarité internationale n'avait pas l'ampleur et la force que la situation exigeait. Che a lancé alors sa formule : Il faut créer deux, trois Vietnams et l'impérialisme américain sera paralysé.

 

Che disait : "Le Vietnam est tragiquement seul. Il ne s'agit pas de souhaiter le succès à la victime de l'agression, mais de partager son sort de l'accompagner dans la mort ou dans la victoire. Oui, nous pourrions regarder l'avenir proche et lumineux, si deux, trois Vietnam fleurissaient sur la surface du globe avec leur héroïsme quotidien, avec leur coups répétés assénés à l'impérialisme, avec pour les Etats-Unis l'obligation de disperser ses forces sous les assauts des peuples du monde !"

Et pour Che, la lutte du peuple congolais contre l'agression américano-belge de novembre 1964 montrait que l'Afrique apportera sa contribution à la libération de l'humanité de la barbarie impérialiste.

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 23:06

5 décembre 2011
El Watan



http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P111113-08.jpgConsidéré par les uns comme un «monument», par d’autres comme un «simple écrivain», Frantz Fanon gêne encore en France. Durant la guerre de Libération, ses ouvrages étaient saisis par la police et aujourd’hui, peu osent évoquer ouvertement l’homme et son œuvre. Même dans sa terre natale, la Martinique, Frantz Fanon dérange, lui, le chantre de l’anticolonialisme et des indépendances totales, alors que sa terre natale est pleinement département français, donc correctement «assimilée». Les lycéens français ne le connaissent que très peu puisqu’aucun de ses textes n’est étudié en classe, à l’image de son compatriote et ami Aimé Césaire. Pour la France «bien-pensante», Césaire est resté du bon côté, mais Fanon…

 

«Je n’ai que très peu entendu parler de Frantz Fanon, confie Amélie, lycéenne en terminale littéraire, d’autant que même mon professeur de lettres a dû bien se renseigner avant de me fournir quelques informations sur lui. C’est vraiment dommage qu’en 2011, on doit être encore soumis au “politiquement correct”, lors de l’évocation de certains écrivains. Tout ça, parce qu’il a milité pour l’indépendance de l’Algérie, mais même cette guerre ne nous concerne plus, maintenant. Parfois, j’ai l’impression qu’elle n’est pas encore terminée…» Frantz Fanon serait même considéré comme dépassé, tant le mouvement dit «tiers-mondiste» paraît lui-même démodé.

 

Mal aimé

 

Frantz Fanon est ce mal aimé de la littérature francophone qui serait totalement oublié si les éditions Maspéro, puis La Découverte, n’avaient pas mis ses textes au goût du jour. La Fondation Frantz-Fanon tente à sa manière de ne pas laisser le «père» de Peau noire, masques blancs sombrer dans l’oubli. Créée en 2007, la Fondation a pour présidente la propre fille de Fanon, Mireille Fanon-Mendès-France. Depuis, elle s’efforce de maintenir la mémoire, de rendre au Martiniquais de naissance et l’Algérien d’adoption la place qui lui revient au panthéon des grands hommes du XXe siècle. «Il était un homme indivisible et ne saurait être réduit à une dimension particulière des luttes», a-t-elle dit lors d’une journée d’études intitulée «Lire Fanon, aujourd’hui», tenue à l’université Paris III. «Il a été antiraciste au nom de l’universalité et anticolonialiste au nom de la justice et des libertés.»

 

Même si le chemin pour une reconnaissance pleine et entière est encore long, Frantz Fanon suscite de plus en plus d’intérêt sur les terres même de l’ancienne puissance colonisatrice. Selon Mireille Fanon-Mendès-France, «en Afrique, en Europe, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique, Fanon apparaît aujourd’hui comme plus actuel que jamais. Il fait sens pour tous les militants de la liberté et des droits humains, car l’émancipation est toujours l’objectif premier des générations qui arrivent à l’âge de la maturité politique.»

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 22:59
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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 22:43

Juin 2011
Rosa Moussaoui
L'Humanité


 

Une holding du géant nucléaire français Areva est immatriculée aux îles Vierges britanniques, 
un paradis fiscal.

De l’Afrique australe à la mer des Caraïbes…

http://1.bp.blogspot.com/_pbrw2GQEyLM/TGviMuL6w7I/AAAAAAAAAKg/5MGRb_hxx04/s1600/uranium.jpgAreva Resources Southern Africa, la holding regroupant les activités minières du géant nucléaire français en Afrique (à l’exception du Niger et du Gabon), affiche une géographie à vous faire perdre le nord. Cette entité regroupe les gisements d’uranium autrefois détenus par la société canadienne UraMin, cotée à Londres et Toronto, rachetée par Areva en juin 2007 pour un montant de 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros). Rebaptisée Areva Resources Southern Africa, cette structure dispose aujourd’hui de filiales en Namibie, en République centrafricaine, au Sénégal et en Afrique du Sud.

Devenue propriété du groupe nucléaire français, cette holding est pourtant toujours immatriculée... aux îles Vierges britanniques, un paradis fiscal notoire. Pas aux yeux de l’OCDE, qui a retiré l’archipel de sa «liste grise» après qu’il eut signé, en 2009, des conventions portant sur l’échange de renseignements en matière fiscale avec douze pays, parmi lesquels… d’autres paradis fiscaux. Comme les îles Caïmans ou les îles de Jersey et Guernesey, les îles Vierges britanniques figurent désormais sur la «liste blanche » des « juridictions qui ont substantiellement mis en place la norme fiscale internationale».

Crise globale oblige, les temps ont changé, l’heure est à la «moralisation du capitalisme financier». Ne dites plus «paradis fiscal», mais «pays à la fiscalité très faible ou avantageuse». Avec la signature, l’an dernier, d’une convention bilatérale, la France a elle aussi blanchi ce territoire d’outre-mer du Royaume-Uni où l’impôt sur les sociétés n’existe pas.

Championnes des avantages fiscaux, comptables et juridiques accordés aux banques, fonds de pension et autres trusts immatriculés sur leur territoire, les îles Vierges britanniques sont classées au 16e rang des paradis fiscaux les plus opaques et les plus nocifs par le Tax Justice Network, une coalition d’ONG. À une centaine de kilomètres à l’est de Porto Rico, sous les cocotiers de cette cinquantaine d’îles, dont seulement une quinzaine sont habitées, on ne compte pas moins de 830 000 sociétés enregistrées, pour seulement 24 000 habitants. Soit 34 sociétés par habitant…


Tout à ses projets de filialisation des activités minières d’Areva, qui doivent servir de prélude à l’ouverture du capital, voire à la privatisation du groupe nucléaire, l’État français, actionnaire majoritaire (87 % des titres et 93 % des droits de vote), ne semble pas s’émouvoir de cette immatriculation exotique.

Contacté, Areva n’avait pas donné suite à nos sollicitations, hier, à l’heure où nous mettions sous presse. Mais après tout, où est le problème ? Nicolas Sarkozy lui-même l’avait annoncé, dès le 24 septembre 2009 : «Il n’y a plus de paradis fiscaux. Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est fini.»
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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 21:05

12 septembre 2011
Lu pour vous.....

 

La lutte non violente a permis de résoudre un nombre important de graves conflits. Elle est venue à bout des plus grandes puissances militaires. Le travail de chercheurs a permis de comprendre le rôle incomparable d'une population qui, écrasée par la violence d'une dictature, d'une oppression ou d'une agression, se redresse et se met en marche avec une incroyable détermination. Pourtant, il ne suffit pas de descendre dans la rue par millions: la clé de la réussite, c'est aussi la stratégie, un exercice de haut vol qui ne s'improvise pas.

 

Pour télécharger le document en pdf, voici le lien:

http://www.aeinstein.org/organizations/org/TARA_French.pdf

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Textes De Juliette