9 décembre 2011
Juliette Abandokwe
Tout comme Kabila est illégalement déclaré vainqueur des "élections" en "République Démocratique" du Congo, les "ambassadeurs" n'ont pas la moindre du monde le droit de se mêler des affaires internes du Congo. Les marches de protestation d'un peuple, particulièrement contre l'intolérable, sont le moyen d'expression le plus basique. Qui oserait demander à qui que ce soit de "faire arrêter" les marches de protestation en Grèce, en Italie, en France ou ailleurs en Occident? Et qui a même tenté de demander de "faire arrêter" les énormes manifestations de protestation en Tunisie, en Egypte ou en Syrie? En Syrie d'ailleurs, l'Occident soutient même la cause des manifestants, intérêts géostratégiques oblige.
L'Africain sub-saharien souffre tout d'abord du mépris incommensurable de l'Occident à son égard. Comment peut-il s'accepter lui-même, se respecter lui-même et croire en lui-même dans ces conditions. Ce n'est pas l'homme africain qui a inspiré d'abord le mépris à l'Occidental par un comportement particulièrement méprisable. L'Histoire de l'Humanité et de l'Afrique en compte d'innombrables preuves. C'est d'ailleurs bien le contraire: le mépris de l'Occident a rendu l'Africain complètement impuissant, désactivant jusqu'à sa dignité et son estime de lui-même. Le CQFD de cette question mérite d'être démontré encore inlassablement, pour qu'enfin nous acceptions de comprendre le pouvoir que nous avons de façon naturelle, que nos détracteurs cherchent à nous arracher depuis des siècles. Nous avons un pouvoir d'une capacité dévastatrice; nous devons absolument nous laisser l'idée pénétrer nos esprits, la travailler, et la mettre à exécution. Nous avons dans l'absolu la capacité de disposer de ce qui nous appartient, et d'arracher la souveraineté que l'Occident a fait semblant de nous "offrir" en 1960.
Aujourd'hui au Congo, Tshisekedi est bel et bien le choix du peuple, TOUT le monde le sait; Kabila est le choix des "ambassadeurs". En d'autres termes ces derniers déclarent ouvertement que le peuple congolais qui se lève pour protester contre ce hold-up électoral de plus en Afrique, n'a aucun droit sur sa propre terre. Mieux encore, ces "ambassadeurs" déclarent très clairement que le Congo leur appartient, qu'ils continueront à faire exactement ce qui leur chante en terre congolaise, et que le peuple congolais doit l'accepter et fermer sa bouche.
En d'autre termes, le peuple congolais, à travers l'ordre des ambassadeurs à Tshisekedi lui intimant de "faire cesser les marches", doit se taire, n'a donc ni le droit ni d'expression, ni de manifestation, ni de décision de quoi que ce soit. Le comble du cynisme et du mépris le plus abyssal.
Et pourtant Kabila sera condamné à rentrer chez lui tôt ou tard, et ses amis les "ambassadeurs" se mordront les doigts à force d'accumuler les provocations les plus inouïes à l'égard du peuple congolais et africain. Car s'ils ont peur de leaders trop "nationalistes" à leur goût, leurs pratiques en termes de violations du droit international particulièrement, ne fait qu'exacerber le sentiment nationaliste des Congolais, et leur haine contre les gens qui viennent d'ailleurs spolier leurs droits. L'Occident compte encore trop, à tort, sur l'inertie artificielle de peuples qu'il traîne dans la boue au quotidien et qui paie de son sang la prédation insatiable de vautours qui n'en ont cure des hommes et des femmes vivant sur cette terre occupée et pillée de leurs ancêtres, violentée jusqu'à la lie.
"Le totalitarisme ne tend pas à soumettre les hommes à des règles despotiques, mais à un système dans lequel les hommes sont superflus". (Hannah Arendt).
A vrai dire, le despotisme extrême exercé par l'Occident par le placement de polichinelles ultra-toxiques sur leurs "butins" africains, n'est qu'un moyen pour imbiber la cervelle des hommes et des femmes, congolais et africains, pour leur indiquer qu'ils sont vraiment superflus, sans aucun pouvoir, d'une inutilité infinie.
Il nous appartient donc de nous appliquer pour prouver que l'Africain n'est ni superflu ni inutile, et qu'au contraire, il va falloir sérieusement compter sur lui.
L'Occident pense que l'Africain bluffe, et qu'il n'arrivera pas à se lever. Mais quand on est à terre, on se met d'abord sur un genou avant de se mettre debout.
Et enfin, c'est le Temps, toujours fidèle, qui lui donnera raison.