1er août 2013
Jean-Frédéric Légaré-Tremblay
Les entreprises chinoises sont de moins en moins les bienvenues en Afrique. De nombreux leaders africains dénoncent désormais les échanges entre la Chine et leur continent, qu’ils considèrent comme une nouvelle forme de colonialisme.« La Chine prend nos ressources primaires et nous vend ses produits manufacturés. C’était aussi l’essence du colonialisme », écrivait en mars dernier Lamido Sanusi, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, dans une lettre ouverte auFinancial Timesde Londres.De nombreux pays africains ont pourtant accueilli à bras ouverts des entreprises d’État chinoises à partir du début des années 2000, leur permettant d’exploiter leur pétrole, leur fer ou leur or, en échange d’enveloppes d’aide au développement bien garnies. Mais les pratiques cavalières de certaines de ces entreprises — réservoirs de pétrole brut à ciel ouvert au Soudan, pots-de-vin versés aux leaders de tout acabit — ont choqué les populations locales.
Résultat : bien des pays espèrent aujourd’hui reprendre la maîtrise de leurs ressources naturelles. La Zambie, par exemple, vient de retirer à une société chinoise un permis d’exploitation de mines de charbon pour non-respect des lois environnementales et de sécurité au travail. De son côté, le Gabon s’apprête à saisir les actifs de la société pétrolière Sinopec, invoquant une rupture de contrat.
En ce moment, les échanges commerciaux entre l’Afrique et la Chine s’élèvent à 200 milliards de dollars. Ils ont été multipliés par 20 au cours de la dernière décennie.