18 juin 2011
Bêafrica Sango
La maxime selon laquelle "nul n'est au-dessus de la loi" est encore loin de devenir une réalité en République Centrafricaine. C'est triste de constater que la justice ne s'applique pas à tout le monde et de la même manière, surtout quand il s'agit des porteurs de tenues. Ces derniers se comportent en héros, en bourreaux sur la population.
BANGUI
Insécurité au quartier Gobongo: un jeune homme torturé par un élément de la garde présidentielle
Pour preuve, une petite incompréhension entre le nommé Serge Rangba et un certain Yannick qui serait sergent-chef de la garde présidentielle s’est transformée en drame. Nous vivons dans un pays où l’on est contraint à beaucoup de réserves et d’autocensure, car une simple bévue suffit pour être inquiété. Il n’est pas rare que pour un oui ou un non l’on soit sérieusement corrigé pour ne pas dire « Torturé ». De fois des problèmes familiaux, purement privés, on en fait un problème d’Etat. La population est toujours sur ses gardes, en évitant d’avoir un problème avec ces « Despérados » dites protectrice de la nation.
Le jeudi 9 juin 2011 vers 15 heures, nous avons assisté à une scène affreuse, déroulée au quartier Gobongo dans le 4e arrondissement de Bangui. En effet, le prénommé Serge Rangba, victime dans cette affaire s’est vu torturé en public au bord du cours d’eau Ngoubagara, à l’endroit dit «base marine » par les éléments de la garde présidentielle. Ils sont connus dans le secteur pour leurs incessants actes de violence sur la population locale. Le tortionnaire du jeune Serge, le sergent-chef de la Garde Présidentielle Yannick est surnommé « Grand machin » pour son héroïsme. Et pour cause ?
Tout a commencé par une affaire de vente des sacs de ciment dont Serge Rangba en est le démarcheur. D’après les informations de sources concordantes, ce dernier avait dix sacs de ciment à démarcher, il a déjà vendu 2 sacs à un pasteur qui n’a pas signalé un quelconque cas de fraude ou alors de contrefaction du produit. Il se trouve par la suite que Serge Rangba a proposé les mêmes services au sergent-chef Yannick alias « Grand-machin » qu’il a rencontré sur son chantier de construction le mardi 7 juin 2011. Ce dernier lui fait la commande de trois sacs en valeur de 27.000 Fcfa puisque l’unité vaut 9.000Fcfa. Le marché étant conclut, Serge qui garde chez lui plusieurs sacs de ciment, repart prendre les 3 sacs pour livrer au sergent-chef. Le preneur charge son maçon de décharger les sacs mais ce dernier, dès réception de ces sacs, après constat a déclaré que les ciments ne sont pas des originaux. Face à la réticence de son interlocuteur, Serge se propose sur le champ de reprendre ses produits. Mais, informé par téléphone, le sergent-chef donnera l’ordre que les sacs de ciment soient réceptionnés et conservés au niveau du chantier pour servir aux travaux. Plus tard, dix autres sacs seront encore livrés.
Deux jours après, le sergent-chef « Grand-machin » débarque chez Serge accompagné d’un autre élément de la garde présidentielle, pour réclamer que les sacs de ciment achetés ne sont pas des originaux. Par la même occasion, il demande à Serge de les suivre. Mais ce dernier leur fait savoir qu’il n’est qu’un simple démarcheur. Sur la pression de ses tracteurs qui insistent de l’amener avec eux, Serge, pour éviter des histoires, leur propose de rembourser l’argent et de récupérer les sacs de ciment. Malheureusement, faute de compréhension le sergent-chef va le traiter de tous les noms d’oiseaux, ainsi que sa femme et ses sœurs. Ils l’embarqueront en fin de compte sur sa moto noire « apache » pour la « base marine » au bord du cours d’eau Ngoubagara. Sur les lieux quatre (4) autres éléments les attendaient. Ils ont déshabillé Serge, l’ont ligoté en « Arbatacha » et commencé à le molester avec des files et certains objets.
Par la suite, ils l’ont attaché solidement contre un arbre où ils ont poursuivi la torture devant une foule nombreuse mais incompétente, jusqu’à l’intervention d’un élément de la gendarmerie qui est de passage. Le gendarme a fait appel à la base où des gendarmes sont déployés sur les lieux. Ces derniers n’avaient même pas pu désarmer le «Desperado » qui fait sortir deux grenades et menace de l’exposer si on le touche. Après plusieurs moments de discussion avec ses amis d’armes, notre héros s’est rendu. Arrivé à la gendarmerie, il cri haut et fort que « si c’était la nuit, j’allais le tuer et qui peut me faire quoi ? » C’est ainsi que va la vie en RCA, pays où les éléments de la garde présidentielle ont la gâchette facile, maltraitant et massacrant la population civile sans être punis par la loi, où son passé le droit de l’homme en République Centrafricain ? Nous Comprenons que l’impunité a fait que ces derniers ne feront qu’exagérer dans leurs gaffes, sachant qu’ils sont à côté du soleil et que rien ne pourra leur arriver.
Le sergent-chef, sur un ton toujours menaçant, restitue les sacs de ciment après être remboursé, et s’en est allé, sans une autre forme de procédure. Le pauvre Serge était quant à lui, conduit dans un mauvais état à l’hôpital de la gendarmerie où il reçu des soins avant d’être mis au gardé à vu pendant quelques minutes avant d’être relâché. Quel pays ?