7 août 2008
Les militaires qui ont pris le pouvoir en Mauritanie promettent d'organiser le plus rapidement possible une élection présidentielle libre et transparente.
Le nouveau "Conseil d'Etat" de onze membres dirigé par l'ancien chef de la garde présidentielle, le général Mohamed Ould Abdelaziz, a annoncé cette décision dans un communiqué diffusé par l'agence de presse nationale AMI, qui confirme la déposition du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
L'élection présidentielle sera organisée "dans une période qui sera la plus courte possible", promet la junte. "Le Haut Conseil d'Etat a mis fin aux pouvoirs du président de la République, investi le 19 avril 2007, et prendra les dispositions qui s'imposent en vue de garantir la continuité de l'Etat" poursuit son communiqué. De même, il supervisera, en concertation avec les institutions, la classe politique et la société civile, la conduite d'élections présidentielles permettant de relancer le processus démocratique et de le refonder sur des bases pérennes."
Le Conseil d'Etat "s'engage à respecter tous les traités et engagements internationaux et les conventions auxquels la Mauritanie a souscrit", conclut le texte. Les soldats ont arrêté mercredi matin le président après l'annonce par le chef de l'Etat du limogeage de plusieurs militaires. L'Union africaine, l'Onu, l'Union européenne et les Etats-Unis ont condamné ce putsch dans ce pays semi-désertique de trois millions d'habitants qui produit depuis peu du pétrole mais dispose aussi de fer, de cuivre et d'or.
CONDAMNATIONS UNANIMES
Jusqu'ici, on ne signale pas de violences majeures à Nouakchott. Toutefois, les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes mercredi pour disperser une cinquantaine de partisans du président déchu réunis dans le centre-ville, a rapporté un correspondant de Reuters.
Paris, le ministère français des Affaires étrangères a dit suivre la situation "avec la plus grande attention", "en liaison avec l'ensemble" des partenaires de la France. Il a souligné l'importance qu'attache la France à la "stabilité" de la Mauritanie.
La Commission européenne a condamné le coup d'Etat militaire, réclamé le rétablissement du président Abdallahi et fait savoir qu'elle pourrait remettre en cause sa coopération avec la Mauritanie. A Paris, la présidence de l'UE a fait part de sa "plus ferme condamnation du coup de force mené par le général Abdel Aziz". L'Union africaine a elle aussi condamné le putsch et réclamé le retour à la légalité constitutionnelle. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a aussi condamné le coup d'Etat. Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a demandé que l'ordre constitutionnel soit rétabli sans délai.
Abdallahi a été élu l'an dernier à l'occasion du retour à un régime civil en Mauritanie, une ancienne colonie française à cheval sur le monde arabe et l'Afrique noire. Il a succédé à une junte qui dirigeait le pays depuis le renversement du président Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya en 2005, lors d'un coup d'Etat sans effusion de sang.