16 juillet 2008
Le partenariat entre la RDC et la France s’inscrit désormais sous des jours meilleurs. Le premier face-à-face officiel entre les présidents Kabila et Sarkozy, depuis leur élection, le laisse transparaître. Un face-à-face placé sous le signe de la franchise et de la détermination politique. Les premiers mots du président français en disent long : « La République démocratique du Congo est un géant en devenir ». Il n’empêche qu’au cours de ces premières minutes d’entretien entre les deux personnalités, l’ombre des contrats chinois a plané.
Le président français, Nicolas Sarkozy, s’est entretenu hier mercredi à l'Elysée avec son homologue congolais, Joseph Kabila. Le chef de l’Etat de la République démocratique du Congo effectue ainsi une visite de quarante-huit heures en France. Nicolas Sarkozy s'est dit « heureux » d'accueillir Joseph Kabila qui a « réussi une transition vers la démocratie ». La RDC est « un géant en devenir », a estimé le président français.
Joseph Kabila, qui devrait rencontrer des chefs d'entreprises du MEDEF ce jeudi, a invité Nicolas Sarkozy à venir en République démocratique du Congo en 2009. Il a saisi cette opportunité pour souligner les efforts de la RDC en faveur de la croissance qui s’élève à environ 9 et 10%.
L’agenda du président congolais prévoyait aussi des rencontres avec le Secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, le ministre de l’Energie et du Développement, Jean-Louis Borloo, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner. Ce dernier a offert un dîner au président Kabila au Quai d’Orsay.
RENFORCEMENT DE LA COOPERATION FRANCO-CONGOLAISE
En attendant de savoir les conclusions de cette visite, il est important de souligner que sur le plan politique, le ministre congolais des Affaires étrangères, Mbusa Nyamwisi a indiqué que le chef de l’Etat congolais a commencé par remercier son homologue français pour le soutien de son pays. Il a ensuite demandé une implication accrue de Paris dans la reconstruction de la RD Congo : « Il s’agit, pour le président Kabila, de remercier d’abord la France pour toutes les contributions positives au long processus que nous avons connu et qui a abouti par des élections libres, démocratiques et transparentes. [Il s’agira aussi] de demander une implication de la France dans le cadre d’une coopération bilatérale, autant avec l’Union européenne ou les institutions de Bretton Woods que dans le cadre bilatéral de renforcer son implication au Congo, pour que les résultats que nous avons eus par les élections puissent être accompagnés par des efforts économiques, de stabilisation du pays sur le plan sécuritaire », a-t-il déclaré à la presse française.
Le ministre Mbusa Nyamwisi a en outre signalé que le président Kabila a sollicité le soutien de la France dans la réforme de la sécurité et dans la reconstruction de la RDC : « Comme vous le savez, à l’Est, il y a encore quelques problèmes résiduels. Nous avons un problème de réforme de la sécurité et de la défense. Nous avons un problème de reconstruction du pays sur le plan des infrastructures. Donc, dans tous ces domaines, le président Kabila ne manquera pas d’appeler son homologue français à pouvoir contribuer efficacement », a-t-il déclaré.
« A la suite de cette visite, nous pensons que la coopération va avoir un nouvel élan, qui permettra d’aller de l’avant dans ce que nous entreprenons ensemble, d’autant plus que la France a toujours été de notre côté, même aux pires temps de notre situation. Et elle restera, nous l’espérons, un partenaire de première importance pour nous. », a-t-il mis un accent particulier.
L’OMBRE DE LA CHINE
L’ombre de la Chine continuera toujours à planer au-dessus de la coopération entre la RDC et ses « partenaires traditionnels ». Paris, avec la visite que le président Kabila rend à son homologue français, Nicolas Sarkozy, n’aura pas dérogé à la tradition. La question y est revenue dès les premières minutes de ce face-à-face. D’ailleurs, Le Potentiel avait eu la présence d’esprit d’évoquer les grandes questions qui pourraient être évoquées au cours de cette visite d’Etat.
Notamment, le souhait émis par Le Potentiel de voir « le président Joseph Kabila saisir cette opportunité pour expliquer la philosophie de coopération de la RDC qui a besoin de capitaux pour relancer son développement. Argumentant notamment que la coopération avec la Chine ne ferme nullement la porte aux partenaires traditionnels ».
Sarkozy a, entre autres, évoqué avec Kabila les contrats Chinois. Surtout que le Directeur général du FMI n’est autre qu’un Français, Dominique Strauss-Khan, ancien ministre français de l’Economie et des Finances dans le gouvernement Lionel Jospin. Echec des pourparlers avec le FMI pourrait se traduire par un échec du «Français Dominique Strauss-Khan ». Au-delà, celui de la France.
Prenant l’initiative des entretiens dès l’entrée de jeu, le président Kabila a sollicité le concours de la France pour obtenir du Fonds monétaire international (FMI) l'allégement de sa dette.
La parade ne s’est pas fait attendre. Le contraire aurait surpris : la question des prêts chinois a rebondi sur la table du dialogue entre les deux personnalités. Selon l'Elysée, le président français a souligné qu'on ne pouvait « à la fois, du côté congolais, solliciter de nouveaux prêts, sans tenir compte de la nécessité de se désendetter par ailleurs ». Allusion faite aux sommes importantes prêtées récemment à la RDC par la Chine.
Pékin a accordé un prêt de 8,5 milliards de dollars à la République démocratique du Congo, gagé en partie sur les ressources minières du pays, alors que le FMI tentait parallèlement de convaincre le Congo de se plier à des mesures d'assainissement de ses finances publiques.
Pas de surprise. Le Fonds monétaire international, souffrez que l’on répète, a comme Directeur général, Dominique Strauss-Khan. Un Français qui a succédé à un autre Français, Michel Camdessus. Socialiste, Dominique Strauss-Kahn a été ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement Lionel Jospin. Mais le président Sarkozy, qui est de droite, dans sa politique d’ouverture, a présenté et soutenu la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la direction générale du FMI. Il s’est battu, bec et ongle, pour la faire passer contre le candidat de la Russie. L’échec des conclusions d’un nouveau programme de réajustement structurel entre la RDC et le FMI pourrait se traduire par un échec de Dominique Strauss-Kahn. Mais au-delà, celui de Nicolas Sarkozy, et bien sûr de la France.
Dans son édition n° 4371 du mardi 15 juillet 2008, Le Potentiel avait eu la présence d’esprit d’évoquer les grandes questions que le président Kabila pourrait aborder avec son homologue français. Entre autres la convention sino-congolaise ». A ce sujet, Le Potentiel écrivait textuellement ceci : « Joseph Kabila devrait saisir cette opportunité pour expliquer la philosophie de coopération de la RDC qui a besoin de capitaux pour relancer son développement. Argumentant notamment que la coopération avec la Chine ne ferme nullement la porte aux partenaires traditionnels. Aussi, au regard de gros moyens que nécessite la relance du développement en RDC, un «Plan Marshall » est mieux indiqué. C’est pourquoi la RDC entend diversifier la coopération sans aliéner les droits du peuple congolais ». A Paris, les contrats chinois ont rebondi.
Sarkozy à Kabila : " la RDC est un géant en devenir"