Action Contributive de la Diaspora Panafricaine (ACDP) ou le rêve d'un renouveau panafricain
24/04/08
Propos recueillis par Adrien Poussou
Ils viennent d'Afrique et d'ailleurs. Ils sont basés à Nantes en France. Leur rêve : donner du pouvoir au peuple afro en les unissant autour des projets créateurs de richesses, condition sine qua non de l'indépendance totale du continent africain, donc de son développement social durable.
Présentez-vous à nos lecteurs et cyberlecteurs !
Je suis Moses Kadalyie, originaire du Cameroun et résidant en France depuis bientôt sept ans après mon passage dans les Amériques où j'étais enseignant du français dans des lycées à Philadelphie, Etat de Pennsylvanie.
Expliquez-nous ce qu'est l'Action Contributive de la Diaspora Panafricaine ?
Il s'agit d'une jeune association fondée en juillet 2007 par un groupe de 4 ressortissants africains de différentes nationalités, et dont le but premier est de rassembler tous les descendants africains directs ou indirects, ainsi que tous les amis de l'Afrique (quelques soient la nationalité ou les origines de ces derniers) autour d'un vaste projet consistant à créer des opportunités économiques sur le continent africain.
Comment vous est venue l'idée de lancer cette association ?
Elle relève d'une discussion entre moi et trois compatriotes africains respectivement d ‘origine nigériane, ghanéenne et tchadienne dans un restaurant antillais à Nantes. Dans cette atmosphère de convivialité et de respect mutuelle, je me représentais une union africaine à l'étranger en train de se former à quatre, quatre représentants de quatre Etats différents du continent africain susceptible de donner naissance à une communauté panafricaine de 53 représentants symboliques des 53 Etats du continent, pour fonder, avec les autres descendants africains d'Europe, des Amériques et du reste du monde, un Etat virtuel, une autre Afrique qui soit trans-nationale, transcontinentale.
Notre discussion portait sur les difficultés socio-économiques de notre continent ainsi que les facteurs limitants qui l'empêchent de surmonter ces difficultés, à savoir entre autres la main mise obscure des puissances étrangères et leur jeu subtil qui leur permet de drainer ses ressources naturelles sans contre parti, tout en faisant croire au monde entier que la pauvreté en Afrique pourrait être le fait d'un quelconque déterminisme, ou d'une incapacité des africains de faire ce que les autres peuples ont réussi à faire pour devenir riche. En tout cas, c'est ce que disait ironiquement Reagan dans les années 80 dans une déclaration de cet ordre : « Si l'Afrique veut être riche, elle n'a qu'à faire comme l'Amérique… »
Vouloir être riche, le problème n'est pourtant pas là ; car l'Afrique est déjà riche, et riche, elle l'a toujours été. Mais il reste à savoir à qui profite vraiment les richesses de l'Afrique ; bien sûr aux pays industrialisés, aux pays riches comme celui de Reagan. Comme l'a bien fait remarqué Ayo, la jeune et charmante artiste germano-nigérienne, « tout le monde profite des richesses de l'Afrique, sauf les africains eux-mêmes ».
C'est donc dans ce contexte d'échange d'opinions qu'a émergé l'idée de nous regrouper pour former une structure associative afin d'élargir le cercle de notre diaspora pour une solidarité transnationale en faveur de l'Afrique. Mais au-delà de ce contexte direct, cette idée couvait en moi depuis de longues années ; et il a fallu vraiment un moment opportun comme cette soirée-là, aussi bien qu'un élément déclencheur pour arriver à cette prise de conscience : ce fut le phénomène de l'immigration clandestine des jeunes africains (très à la une des média en cette période de l'année ) prêts à tout pour rejoindre l'Europe, qui même jusqu'à ce jour demeure un problème sans solution réel pour les gouvernements africains comme européens, mais surtout un grand défi auquel la Diaspora Panafricaine se trouve confrontée.
Ne pensez-vous pas que c'est encore une association de trop ?
Si je comprends bien, vous posez là un problème de la pléthore d'associations : autrement dit, il existe tellement d'associations aujourd'hui que ça ne vaut peut-être pas la peine de continuer à en créer. Cela est vrai. Seulement, on dit souvent qu'à partir des convictions nobles, on arrive à produire des réalités qui rendent la vie agréable. De ce point de vue, à mon sens, le trop-plein d'associations n'est pas un problème. Le problème c'est les convictions qui amènent les gens à se regrouper en association. S il s'agit par exemple de fausses convictions ou des convictions fondées sur des idéologies superstitieuses et destructives, du genre néo nazis, on peut en être sûr, la vie ne sera jamais agréable sur terre, et il vaudrait certainement mieux qu'il n'existe même pas d'associations. Mais s'il s'agit des convictions visant à incarner sur le plan de la réalité quotidienne des idées et valeurs universelles, du genre Droits de l'Homme, Droits des peuples à disposer d'eux-mêmes, alors, créons donc autant d'associations que possible, afin de mieux défendre les causes justes, car les causes justes son nécessairement de nature universel.
Qu'est-ce qui fait sa différence avec les autres ?
La différence par rapport aux autres c'est surtout l'idée de constituer une institution qui puisse être le bras agissant, l'expression concrète même de la solidarité panafricaniste traditionnelle : agir ensemble pour le bien-être matériel et spirituel du peuple africain, selon les principes édictés par nos Pères et Mères fondateurs parmi lesquels, Sr. ( Sistter) Hariet Tubman, Br. (Brother)Marcus Garvey, Br. Martin Luther King Jr., Br. Kwamé N'krumah , Br. Malcolm X, Br. Julius Nyerere, Br. G. Abdel Nasser...Pour ne citer que ceux là.
La valeur de cette vision globale revient à ceci : « think globally and act locally » autrement dit, voir grand afin de mieux agir à petite échelle. Il s'agit d'inclure et de faire participer tout le monde à une œuvre collective dont les fruits bénéficieront à la fois à l'individu et à la collectivité. Ce principe nous permet d'abolir nos barrières ethnoculturelles afin de partager une identité panafricaine commune a tous les enfants de l'Afrique où qu'ils soient dans le monde et de mettre tous nos talents et atouts au service de nos frères et sœurs du continent Mère, et certains de ses autres enfants déshérités de notre Diaspora comme à Haïti par exemple.
Les tragédies du Rwanda, et très récemment celle du Kenya n'auraient pas eu lieu si ces principes étaient mis en application dans ces deux pays respectifs. Imaginez Hutus et Tutsis entrain de construire un grand édifice communautaire pour en faire une école pour leurs enfants, ou encore entrain de cultiver ensemble des milliers d'hectares de ferme de blé ou de soja dans l'attente d'une récolte surabondante ; n'est-ce pas que leurs esprits seraient plutôt préoccupés par les fruits à venir de leur travail que par le bain de sang ? En travaillant ensemble sur des objectifs communs, nos énergies sont canalisés vers des grands et nobles idéaux ,des grandes réalisations, et ce faisant , nous sommes portés à regarder dans la même direction, dans la fureur de vaincre les défis auxquels notre communauté est confrontée, plutôt qu'à entretenir mutuellement de petites querelles de voisinage, surtout d'ordre ethnoculturelles qui ne profitent qu' à nos ennemis.- ces derniers n'attendent que ça pour nous diviser, nous humilier et nous détruire à petit feu. En définitive, toute la différence réside dans notre vision globale, notre mission, nos objectifs et nos attentes en faveur de l'Afrique.
Que recherchez-vous concrètement, j'entends par là les objectifs ?
Ce que nous recherchons, c'est avant tout une structure transnationale, transcontinentale, un corps social constitué qui s'appelle la Diaspora Panafricaine, composée de plus de cent millions d'hommes et de femmes (dispersés dans tous les pays de la planète en dehors du continent africain). En cette période de notre histoire, nous avons besoin d'un pouvoir de négociation afin de nous rendre visible au monde entier (ou plus précisément ce que les média appellent la communauté internationale), nous affirmer devant ce dernier et obtenir le respect qui nous est dû. Pour cela, il est impératif que nous puissions parler d'une même voie à nos amis comme à nos ennemis, sans complexe et avec pleine assurance, afin que nous puissions être estimés à notre juste valeur. Il va sans dire que la force de tout groupe humain repose sur son unité que lui confère le pouvoir des réalisations matérielles de tout genre, aussi bien que le pouvoir de négociation dans ses rapports avec ses partenaires étrangers.
Dans cette perspective, l'ACDP s'est fixé pour but d'apporter le meilleur de notre contribution à la réalisation du bien-être socio- économique du peuple africain, à son épanouissement matériel et spirituel. Quant à sa mission, elle est multidimensionnelle :
Contribuer à la mise en valeur du potentiel productif de nos frères et sœurs du Continent Mère en vue de la réalisation d'un projet socio-économique révolutionnaire susceptible de les émanciper de la tutelle économique des instances décisionnaires nationales et internationales. Contribuer au développement de leurs capacités productifs en mettant à leur disposition les outils de travail, les formations et les moyens de production modernes qui puissent leur permettre d'exploiter à plein rendement, d' abondantes ressources naturelles de leur sol et sous-sol, et qui font l'objet des convoitises de ses ennemis.
Créer des conditions qui puissent permettre à notre peuple de devenir autonome en matière de production économique en prenant en main la direction de son appareil productif local. Bref, faire en sorte que notre peuple devienne maître chez lui, sur la terre de ses ancêtres.
Notre projet est de doter notre Continent –Mère d'une solide base industrielle, en priorité dans le domaine de la production agro-alimentaire. En substance, il s'agit de la construction d'une grande usine de transformation des matières premières agricoles traditionnellement destinées à l'exportation (café, cacao, coton etc. ; lire les notes de conférence Ivoire Café par Mr.Thiery Tan). Ceci implique le développement de l'agriculture à la fois industrielle et vivrière à grande échelle. Une telle réalisation offrira à notre peuple de larges possibilités de se nourrir décemment, de réaliser l'autosuffisance alimentaire tout en tirant une plus-value considérable de sa production industrielle. A long terme, elle contribuera aussi à réduire de manière substantielle la facture des importations des denrées alimentaires de l'étranger et à dynamiser le commerce intercontinental de l'Afrique.
Comment financerez-vous les actions de votre association ?
C'est ici que l'Action Contributive prend sa signification concrète ; car toutes les actions et tous les programmes d'accompagnement seront financés grâce aux contributions de toute notre Diaspora. Pour cela, ACDP propose dès maintenant la constitution d'un grand capital financier, une sorte de plan Marshal, version panafricaine, suivant la voie de l'opération « Panier virtuel. » Il s'agit d'une méthode de collecte de fonds calquée sur le panier habituellement utilisé à l'église pour recueillir les dons des fidèles à la fin du service religieux le dimanche. On s'attend ainsi à ce que chacun de nous dépose dans ce panier un certain montant en dollar, euro ou livre sterling (ou l'équivalent en devise de ces trois là) selon ses possibilités. Autrement dit, le panier virtuel laisse à chacun de nous le soin de décider du montant de sa contribution ; toutefois, nous suggérons un montant minimal de 3Euros, $ 3, £3… Le capital ainsi constitué sera sécurisé dans une institution financière choisi selon les critères de fiabilité et de notoriété en matière de gestion, par une commission d'experts panafricains, dans l'attente de son lancement sous forme de « Plan Marshal » conçu par la Diaspora panafricaine, en vue d'une révolution socio-économique en faveur de l'Afrique.
Quelle réponse donnez-vous à ceux qui souvent accusent les initiateurs d'association de rechercher des intérêts personnels ?
Sur ce point, il convient de faire savoir en tout humilité tout en étant objectif, que nous n'avons rien de parfait. Cependant, la perfection est notre idéal dans la mesure où nous travaillons sans relâche dans le sens d'une amélioration constante et continue. A cet effet, chaque membre se doit d'être responsable de la bonne marche de notre association dans le sens de l'accomplissement de la mission que nous nous sommes donnés, et de la réalisation des objectifs que nous nous sommes fixés au départ en faveur de notre peuple. Ce faisant, les intérêts personnels n'ont aucune place au sein de notre cadre associatif. Ce que nous recherchons, c'est les intérêts de notre Peuple-Mère.
Par ailleurs, l'une des particularités de notre institution est la démocratie participative. Si au plus profond de vous-mêmes vous vous sentez sincèrement intègre, vous pourrez nous apporter beaucoup dans le sens de la préservation de notre association de toutes dérives dans le sens des intérêts personnels et son maintien dans le cadre de la recherche de l'intérêt collectif de notre peuple. Car, nous constituons un espace de dialogue, d'échange, de partage d'idées constructives, de recherche et d'apprentissage pour chacun d'entre nous. Par conséquent, tout un chacun a voix au chapitre.
En dernier analyse, Si vous vous attendez à nous voir parfait avant de prendre part à notre action, vous seriez complice avec les puissances étrangères dans l'asservissement de notre peuple et de vous-même. S'il est vrai, comme disait Jean Paul Sartre, que la liberté n'est pas une vertu qui donne droit à s'arracher aux circonstances pressantes, mais c'est le pouvoir de s'engager dans l'action présente pour construire l'avenir, saisissez donc cette opportunité que vous offre l'ADCP pour exprimer pleinement votre engagement dans la libération de nos frères et sœurs sur le continent, et de la notre dans la diaspora du joug de la dépendance des forces étrangères qui les maintiennent artificiellement dans l'engrenage de la pauvreté matérielle et spirituelle.
Pour des personnes qui souhaiteraient vous suivre dans cette aventure ou vous aider tout simplement, à quelles coordonnées peuvent-elles vous joindre ?
Résidence Ile Beaulieu, 9Bd des martyrs Nantais, 44200 Nantes –France
Tél : 02.51.84.12.95 ou 06.73.85.19.76
e-mail : tesna@voila.fr
Avez-vous un message à passer ?
Où que vous soyez, frères et sœurs de notre Diaspora, veuillez ne pas vous isoler ;
Plutôt que de vous isoler, rejoignez l'Action Contributive de la Diaspora Panafricaine (the Contributory Action of the Pan-African Diaspora), afin que tous ensemble, nous puissions réaliser ce vaste projet historique. Ce faisant, nous rendrons ainsi un service mémorable à notre peuple aujourd'hui enfermé dans l'engrenage de la pauvreté et de la misère, et rendu invisible au monde par les forces obscures qui l'exploitent sans ménagement, par procuration de certains de ses dirigeants. Tous ensembles, nous pouvons inventer le rêve africain (au même titre que le rêve américain) et le réaliser à plus ou moins long terme. L'essentiel est de commencer notre Action maintenant ; peu importe le temps que cela nous prendra ; la marche sur 100 kilomètres commence toujours par un premier pas.