1er janvier 2010
Soir de Bamako
La remarque de l’Agence France Presse (AFP) par rapport au système de gestion du pouvoir par certains chefs d’Etat africains et à leur façon de percevoir la gouvernance est aussi alarmante qu’elle est révélatrice d’un constat navrant : au fur et à mesure qu’ils durent, sinon s’éternisent au pouvoir, certains Chefs d’Etat africains sont devenus “inconséquents” et “irresponsables“, tant sur le plan de la gestion que sur celui de la productivité.
La preuve la plus flagrante et qui tient lieu d’exemple est administrée par l’inamovible et indétrônable Président de la Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema qui, bien qu’au pouvoir depuis trente ans, s’est fait réélire en Novembre 2009 pour un enième mandat.
L’équipe gouvernementale du “Roi” ou “Empereur-Président” Nguema est forte de... 68 membres ! Quel gouvernement du monde pourrait aujourd’hui dire, sinon présenter mieux, au regard de ce nombre le plus élevé de membres qu’enregistre le gouvernement équato-guinéen ?...
Parmi ces membres du gouvernement figurent pas moins de... 11 parents directs du tout puissant Chef de l’Etat. Citons-en quelques uns. D’abord (à tout seigneur tout honneur, dit-on) le fils du Président, Teodorin Nguema Obiang Mangue, celui-là même qui, sauf “tremblement de terre” ou autre catastrophe, est le plus présumé pour reprendre le trône de son père, au cas où... Mais pour l’heure, de Ministre de l’Agriculture et des Forêts, il a été propulsé au poste de Ministre d’Etat dans le nouveau gouvernement du Premeir Ministre Ignacio Milam Tang, nommé en Juillet 2008 et renommé le 12 Janvier.
De Vice-Ministre, Gabriel Mbega Obiang, un autre fils du Chef de l’Etat, a été élévé au rang de Ministre-Délégué à l’Industrie ,aux Mines et à l’Energie. Une autre progéniture du Président, Ruslan Obiang Nsue, est Secrétaire d’Etat aux Sports. Quant au poste de Ministre de la Défense, il a de tout temps été occupé par Antonio Mba Nguema, le propre frère (“même père, même mère”, comme on dit) du Président Nguema : qui est fou ?...
Melchior Esono Edjo, Ministre des Finances et du Budget, lui, est un neveu du Président. Il est aidé dans sa tâche par une de ses cousines, Mme Montserrat Afang Ondo, Vice-Ministre en charge de la Trésorerie, et qui n’est autre qu’une nièce du Président. Un autre neveu du Président, Balthasar Engonga Edjo, est Ministre de l’Intégration Régionale. Au total donc, ils sont 11 parents (plus, selon certaines sources) à faire partie du staff gouvernemental équato-guinéen, dont ces trois fils, ces deux neveux et une nièce du Président Theodoro Obiang Nguema. C’est constater, en fin de comptes ou... de conte, que le pouvoir équato-guinéen, c’est véritablement une affaire de famille : celle du Président.
Et à ce constat, l’avis du leader du principal parti de l’opposition équato-guinéenne, Placido Mico Abogo, ne changera rien : “M. Obiang Nguema continue de désarticuler le pays avec ses proches, ses enfants, ses cousins, ses neveux...”, déplore, en effet, le Chef du parti de la Convergence Pour la Démocratie Sociale (CPDS).
En fait, le Président Theodoro Obiang Nguema “désarticule” surtout pour mieux régner, et le plus durablement, sinon le plus... ”éternellement“ possible. Du reste, ceux des membres du gouvernement qui ne sont pas ses proches et ses parents se compteraient sur le bout des cinq doigts d’une seule main ! C’est dire à quel point “l’Empereur” Nguema tient non seulement à mourir au pouvoir, mais à mourir sans lâcher le pouvoir.
Aussi s’est-il arrangé pour assurer tous ses arrières, et par la même occasion, assurer la pérennité de son pouvoir, même après sa disparition, n’en déplaise à l’opinion équato-guinéenne (y en-t-il une, du reste ?) ou internationale, n’en deplaise aussi à toutes les règles de la Constitution équato-guinéenne. C’est ce qu’on pourrait conclure en ces termes : mourir un jour, d’accord, mais sans jamais lâcher les rênes du pouvoir !