Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

 

 

Rechercher

20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 14:02

18 décembre 2009
Adrien Poussou
L'Indépendant


Centrafrique : un nouvel accord de défense avec la France pourquoi faire ?

Pour beaucoup de Centrafricains qui ont la mémoire de ces journées où les soldats français affrontaient dans les rues de Bangui, en 1996 et 1997, une partie des FACA (Forces armées centrafricaines) qui, au nom des revendications corporatistes, exigeaient le départ de l’ex-président Ange-Félix Patassé, et, plus prêt de nous en 2006 avec la destruction par les bombardiers français des colonnes rebelles convergent vers la capitale, l’annonce de la prochaine signature entre Bangui et Paris d’un nouvel accord de défense, n’a rien de rassurant.

Le Général-Président François Bozizé

Le Général-Président François Bozizé

Et pour cause : ces accords maintes fois vilipendés par les élites africaines en général et centrafricaines en particulier, dont les clauses sont restées secrètes, ont souvent servi de prétexte à l'intervention des troupes françaises pour défendre des régimes dictatoriaux et sanguinaires, qui ont remplacé le colon français en Afrique.

« Deux accords de défense ont été signés avec le Togo et le Cameroun. Je serai dans les derniers jours de décembre en Centrafrique pour en signer un troisième. Il y en a huit au total à renégocier », a déclaré dimanche le secrétaire d’Etat français à la Coopération.

Malgré les assurances données par M. Joyandet, indiquant qu’ « on est beaucoup moins sur des interventions systématiques en cas de troubles intérieurs, c'est à dire qu'il n'y a plus cette automaticité d'intervention », nombreux sont les Centrafricains qui continuent de croire le contraire.

« La France considère notre pays comme une chasse gardée. La Centrafrique est un département français, donc les français seront toujours prêts à prêter mains fortes au régime qui défendra le mieux leurs intérêts. Ils n’hésiteront pas à dévier leurs troupes de leur mission première, à savoir la défense des Français. On les a vu à l’œuvre en 1979, en 96-97, et en 2006, on les verra encore dans les mois et les années à venir », estime Albert, un octogénaire.

Ce propos d’Albert est loin d’être qu’un reproche isolé d’un homme amère qui a peut-être gardé dent contre le pays de Nicolas Sarkozy. Il reflète, à ne point douter, le sentiment d’un nombre non négligeable des compatriotes de François Bozizé. Et ce, d’autant plus que l’opinion publique centrafricaine, ainsi que les forces vives de la nation (société civile et opposition) sont tenues à bonne distance des négociations qui vont aboutir à la conclusion de ce nouvel accord de défense.

« Sauf miracle, l’Assemblée Nationale ne sera pas associée à l’examen de ce projet d’accord avant sa signature fin décembre entre le gouvernement centrafricains et la France », estime sous le couvert de l’anonymat un député de l’opposition qui a du mal à cacher son désarroi.

À la question, est-ce que les élus de la Nation ont-ils été consultés, comme le souhaite Paris, avant la conclusion de ce nouvel accord, nulle autorité centrafricaine ne juge nécessaire d’apporter un élément de réponse. Les services du ministère des Affaires étrangères que nous avons contacté nous ont renvoyé chez leurs collègues du ministère délégué à la Défense, qui, eux, visiblement contrariés, nous conseille de nous tourner vers le Cabinet présidentiel.

La transparence totale, dont s’est targué Alain Joyandet, prétendant qu’ils passeront devant le parlement, en parlant de ces nouveaux accords de défense, risque d’être une fois encore qu’un catalogue de vœux pieux sans lendemain. C’est sans compter avec la propension, jamais démentie, des actuelles autorités centrafricaines à se considérer comme détenteur du titre foncier du pays.

Ce ne sont d’ailleurs pas les nouvelles donnes de la géopolitique africaine qui arrangeront les choses. Comme on le voit, depuis un certain temps, plusieurs capitales africaines manifestent une hostilité à l’égard de Paris. De N’Djamena à Lomé en passant par Abidjan, la docilité légendaire des pays dits du pré-carré français, fait place à une fronde de plus en plus ouverte.

François Bozizé, qui est attendu à Paris demain mercredi 16 décembre pour un déjeuner avec son homologue français, est peut-être lui aussi tenté de prendre des libertés avec la France et de renégocier ce nouvel accord de défense sans passer par l’Assemblée Nationale, même pour la forme, comme le veut Sarkozy.

Au demeurant, un peu plus de 40 ans après les indépendances, à défaut d’une lecture des élus du peuple, il reste au président centrafricain et ses collaborateurs qui discutent directement avec la France, à nous convaincre de l’utilité de ce nouvel accord de défense.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Textes De Juliette