10 juin 2011
guineeweb
Sipopo, village luxueux de Guinée équatoriale regroupant 52 villas présidentielles, un palace, une salle de conférence, une plage privée et un golf 18 trous dans un pays où 75% des gens vivent avec moins d’1 dollar (0,68 euro) par jour, a de quoi faire jaser.
Destiné à accueillir les chefs d’Etat africains pour le 17e sommet de l’Union africaine qui se tiendra du 23 juin au 1er juillet 2011, le Guardian indique qu'il vient d’être inauguré par Teodoro Obiang Nguema, qui porte depuis janvier la double casquette de président équato-guinéen et de l’Union africaine.
Les chefs d’Etat bénéficieront de logements indépendants et particuliers, et auront en outre accès à un jacuzzi, une piscine chauffée, un sauna et un centre de fitness ainsi qu’un spa (l’unique du pays).
Ce complexe, situé au pied du Mont Cameroun, à 20 minutes de Malabo, la capitale, a coûté la bagatelle de 8,9 millions d’euros. Même s’il pourra également servir lors du déroulement l’an prochain du tournoi de la Coupe d’Afrique des Nations (co-organisée avec le Gabon), pour Tutu Alicante, directeur général d'EG Justice, une association locale de défense des droits de l’homme:
«Cette tentative de donner au pays une image de prospérité est totalement mal venue [...] il est terrible de nos jours et à notre époque qu’ un leader africain soit autorisé […] à piller les finances du pays. L’Union africaine en le nommant président a envoyé un message clair aux populations pauvres de la Guinée équatoriale»
Le pouvoir aurait également forcé certains à quitter leur école et rentrer dans leur village d’origine pour que le sommet se déroule dans un environnement pacifique. Pour Tutu Alliance, «le président craint d’avoir des jeunes gens dans la rue».
Alors même que le sommet a pour thème «accélérer l'émancipation des jeunes dans le cadre du développement durable», d’autres associations rejoignent les griefs d’EG Justice. Ken Hurwitz, le directeur juridique de l’Open Society Justice Initiative estime pour sa part:
«Non seulement ils dépensent des sommes considérables dans ces infrastructures, mais ils ferment aussi des écoles un mois avant l'événement. L’ironie est simplement trop forte.»