1er mai 2011
Nerrati Press
L’ancien président sud africain Thabo Mbeki a condamné le rôle de l’« ONU » dans la crise en Côte d’Ivoire dans une contribution publiée vendredi 29 avril 2011 par « foreign policy ». Thabo Mbeki a estimé que la crise en Côte d’Ivoire résulte de l’incapacité pour les organisateurs de gérer les « pré-requis électoraux ». Il a dénoncé le contrôle exercé par la rébellion sur la partie nord du pays et le maintien de la capacité militaire de celle-ci qui ont constitué les moyens par lesquelles Alassane Ouattara s’est installé au pouvoir en Côte d’Ivoire.
Il n’est pas étonnant, poursuit-il, que Laurent Gbagbo dénonce une trahison au regard de l’aggravation de la crise postélectorale. Pour Mbeki, les événements tragiques en Côte d’Ivoire ont consacré la marginalisation de l’« Union africaine » dans la résolution des défis majeurs de l’Afrique. L’« UA » a plutôt été utilisée par les grandes puissances « pour légitimer leur actions en persuadant l’+ ONU + d’autoriser leurs interventions égoïstes ».
Selon Mbeki, accepter l’« ONU » comme une force neutre dans la résolution des conflits internes, comme celui vécu en Côte d’Ivoire, est aujourd’hui gravement compromis. « Il sera désormais difficile pour l’+ ONU +de convaincre l’Afrique et le reste du monde en développement que cette organisation n’est pas un simple instrument entre les mains des grandes puissances du monde » s’est-il insurgé.
Aussi, l’ancien président sud africain préconise-t-il « l’urgente nécessité de restructurer le système des relations internationales qui ont mis en évidence la réalité de l’abus de pouvoir dans l’ère post-guerre froide ». « Nous ne pouvons qu’espérer que Laurent et Simone Gbagbo et le peuple ivoirien ne continuent pas à souffrir en étant les victimes maltraitées et humiliées d’un système mondial qui, dans son intérêt, tout en prônant haut et fort les droits universels de l’homme, ne cherche en réalité qu’à perpétuer la domination du plus grand nombre par quelques-uns qui disposent de l’essentiel du pouvoir politique, économique, militaire et médiatique » poursuit-il.
« Les procédures perverses et néfastes qui ont frappé la Côte d’Ivoire amènent à se poser d’urgence la question suivante : Combien de violations flagrantes de pouvoir devra subir l’Afrique et le reste des pays en développement avant que la vision d’un système démocratique de la gouvernance mondiale soit réalisée ? » a-t-il conclu.
Thabo Mbeki a été médiateur de la crise en Côte d’Ivoire. Sous son égide a été conclu l’Accord de Pretoria qui a notamment permis à Alassane Ouattara, inéligible selon la « Constitution ivoirienne », d’être candidat à titre exceptionnel, à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.
La crise ivoirienne est née d’une tentative de coup d’état suivie d’une rébellion armée démarrés le 19 septembre 2002 à l’initiative d’Alassane Ouattara avec l’appui de la France, contre le régime de Laurent Gbagbo démocratiquement élu en 2000. Après différents accords de paix, les rebelles ont obtenus, en échange de leur promesse de désarmement jamais réalisée, plusieurs postes dont ceux clés de Premier ministre, ministre de la Justice, ministre de l’économie et des finances de même que la présidence de la commission électorale et la majorité absolue des sièges dans cette institution.
Le contentieux électoral né du refus de Ouattara d’accepter les résultats du scrutin du 28 novembre 2010s’est transformé en une guerre avec l’ingérence armée de la France et de l’« ONU (Organisation des Nations Unies) » qui soutiennent celui-ci.
Le Président Laurent Gbagbo, élu, reconnu et investi Président par le « Conseil Constitutionnel », plus haute juridiction chargée de proclamer les résultats définitifs en Côte d’Ivoire, a été capturé le 11 avril 2011 par les forces françaises sous mandat de l’« ONU » et remis aux mains de son adversaire Ouattara qui le détient prisonnier dans un lieu inconnu du « nord du pays ». De nombreuses organisations et des milliers de personnes exigent la libération immédiate de Laurent Gbagbo et de ses proches.