17 janvier 2010
Jean-Bosco Talla
Bonjour à tous!
J'exprime toute ma gratitude à tous les compatriotes, camarades, amis, confrères et consœurs, partenaires, médias, organisations professionnelles nationales et internationales, organisations de défense des droits humains pour la grande mobilisation qui a conduit à ma libération de la Prison centrale de Yaoundé où j'étais en mission d'observation. Même les prises de position de nos contempteurs ont aussi contribué à faire connaître ma situation. Je leur adresse aussi mes remerciements démocratiques. Je dois aussi remercier les autorités publiques et judiciaires de notre pays pour m'avoir permis de toucher du doigt les réalités des prisons au Cameroun.
Je publierai une série d'articles sur la vie en prison. Pourquoi pas un opuscule dans lequel je dénoncerai certains sophismes et reviendrai sur les non-dits de mon arrestation, les acteurs de l'ombre qui ont orchestré mon kidnaping et les stratégies pour faire croire aux uns et aux autres qu'il s'agit d'une question d'éthique et de déontologie. Faut-il vous dire, j'avais été informé, en face du super marché Casino (ex-Score) de mon arrestation, le 23 novembre 2009, c'est-à-dire environ 10 jours avant que nous ne publions les bonnes feuilles de l'ouvrage querellé par un imminent membre du Rdpc. Quatre (4) jours avant cette arrestation, sachant que je ne pouvais pas échapper au rouleau compresseur mis en branle, j'avais déjà informé certains amis et la plupart des dépositaires de la villes de Yaoundé.
Relisez mon éditorial publié dans l'édition querellée de Germinal, vous comprendrez que j'avais même envisagé que je serai assassiné. Quand dans ledit éditorial j'utilisai les expressions "Que l'on se souvienne", "Que l'on ne perde pas de vue", il suffisait au lecteur d'ajouter devant ces expressions, "Après mon assassinat.. .". Et lorsque dans le même texte je disais que nous devions nous faire violence et "transcender toutes les peurs", c'était un manière de dire à nos bourreaux que nous avons transcendé la peur de la mort. Enfin, c'est depuis la publication du rapport du Ccfd sur "Les biens mal acquis" que nous sommes sous surveillance. Nous étions conscients de notre situation. Certains confrères avaient même été contactés, pour participer d'une manière ou d'une autre, à cette arrestation. Peut-être ont-ils joué un rôle en fournissant telle ou telle information. Leur indignation vertueuse sur les plateaux de télévision et aux antennes de certaines stations de radio, après le rapt ne nous a pas étonné.
En tout cas, mon passage à Kondengui est pour moi une expérience fabuleuse. Si les dirigeants de ce pays avaient passé une seule nuit au "Kosovo" (quartiers 8 et 9) quartiers populeux de Kondengui où nous étions à 62 détenus dans un local de 20 m2 et où près de 400 détenus dormaient à la belle étoile, je pense qu'ils dirigeraient les Cameroun autrement. Je suis en train de mettre de l'ordre dans mes affaires. Comme vous l'avez certainement appris, mon domicile a été cambriolé et ils ont emporté, un laptop, deux disques durs (externe et interne), une camera, un dictaphone et un appareil. Soyez rassuré, des dispositions avaient été longtemps prises pour qu'au fur et à mesure les copies de nos données soient conservées en lieu sûr et même hors des frontières nationales. Je sors de la prison convaincu que nous tenons le bon bout. En tout cas nous sommes préparés pour affronter ce genre de situation. Tous ceux qui travaillent pour l'évolution positive des communautés et des peuples savent qu'en voulant améliorer les choses, ils projettent la lumière sur les forces négatives vivant dans les ténèbres qui chercheront à riposter par tous les moyens.
J'aurai l'occasion de vous faire vivre en pensée et en esprit le film des évènements.
Merci à tous.
Confraternellement!